Après une semaine de tensions croissantes concernant la gestion de l'épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC), le gouvernement français a lancé un appel urgent à la responsabilité et à l'apaisement à l'intention des agriculteurs en colère. De nombreux producteurs agricoles se sont mobilisés, notamment à Bruxelles, pour faire entendre leurs préoccupations sur les abattages massifs et le traité de libre-échange UE-Mercosur.
Le Premier ministre Sébastien Lecornu a souligné, lors d'une séance au Sénat, que certaines interdictions avaient été contournées et il a exprimé la nécessité de ne pas chercher à désigner des coupables : "Il faut tout de même appeler chacun à la responsabilité". Il a également condamné les menaces à l'encontre des vétérinaires impliqués dans l'abattage des bovins infectés.
La ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, a exhorté à l'apaisement à l'approche des festivités de Noël, malgré la détermination affichée par les agriculteurs qui menacent de continuer leurs manifestations, allant jusqu'à bloquer des routes bien au-delà des fêtes si nécessaire.
La mobilisation, née d'une ferme dans l'Ariège, a pris de l'ampleur avec des blocages majeurs dans le Sud-Ouest. Le ministère de l'Intérieur a enregistré 75 actions sur le territoire, contre 45 la veille, et 27 dimanche. À Carcassonne, des dizaines d'agriculteurs ont orchestré un important blocage l'autoroute A61, qui relie Toulouse à la Méditerranée et à l'Espagne, utilisant une soixantaine de tracteurs sous escorte de gendarmerie.
Les manifestants, arborant les drapeaux de la Coordination rurale et de la Confédération paysanne, ont fermement déclaré : "Tant qu'on n'a pas une réponse de l'État, on ne bougera pas". Un autre participant a ajouté, dans un cri de ralliement : "Stop à l'abattage et non au Mercosur".
Un autre front de la contestation s'est ouvert avec environ une centaine d'agriculteurs regroupés devant le siège du Parlement européen à Strasbourg, s'opposant aux abattages et à l'accord commercial avec le Mercosur. Paul Fritsch, président de la Coordination rurale du Bas-Rhin, a exprimé l'angoisse des éleveurs dont les troupeaux, fruit d'un long travail de sélection, ont été décimés.
En ce qui concerne l'accord avec le Mercosur, le gouvernement a réaffirmé sa position : si la Commission européenne tente de faire adopter cet accord en fin de semaine, la France s'y opposera fermement, a averti Lecornu devant les députés. Depuis le début de cette épidémie en juin en Savoie, le gouvernement a implémenté une stratégie de lutte basée sur trois axes principaux : l'abattage systématique des animaux infectés, la vaccination ciblée dans les zones touchées, et la restriction des mouvements des bovins.
Toutefois, l'annonce d'une vaccination de 750 000 bovins au cours des semaines prochaines dans le Sud-Ouest n'a pas rassuré les agriculteurs. "J'ai demandé aux préfets d'aborder cette situation avec souplesse et tact pour éviter les dégradations", a déclaré Laurent Nuñez, ministre de l'Intérieur. Cette semaine, Genevard a étendu la zone de vaccination à deux départements supplémentaires, en annonçant également un fonds de soutien de plus de 10 millions d'euros pour aider les petits éleveurs.
Depuis juin, 114 foyers de DNC ont été recensés en France, dont 26 en Occitanie, entrainant l'euthanasie de plus de 3 300 animaux sur un cheptel national de 16 millions de bovins. Les tensions continuent d'enfler, à mesure que les agriculteurs, soutenus par des organisations de producteurs, exigent des réponses concrètes et immédiates pour faire face à cette crise sanitaire.







