Une semaine après les premières manifestations devant une ferme de l'Ariège, la contestation autour de la gestion de l'épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) se renforce dans le Sud-Ouest. Ce mercredi, plusieurs dizaines d'agriculteurs, rassemblés à bord d'une soixantaine de tracteurs, ont bloqué l'autoroute A61, un axe majeur reliant Toulouse à la Méditerranée et à l'Espagne. Ils avaient rallié Carcassonne après avoir convergé depuis Narbonne et Castelnaudary, escortés par les gendarmes.
Les manifestants arborent les drapeaux de la Coordination Rurale, de la Confédération Paysanne et des Jeunes Agriculteurs, tandis que des actions symboliques, comme le démontage de glissières de sécurité et l'organisation de barbecues, ponctuent leur mobilisation. "La confiance envers les services de l'État est rompue. Des problématiques comme Mercosur, la PAC, la taxation carbone et la gestion de l'eau s'accumulent et créent une impasse", a déclaré un représentant des Jeunes Agriculteurs avant de partir pour une longue journée de protestation.
Dans la Haute-Garonne, l'A61 était déjà bloquée depuis mardi. Les agriculteurs, déterminés, ont passé la nuit sur place. "On n'est pas là que pour la DNC, mais pour toutes les autres injustices subies", explique Dorian Biffi, un membre des Jeunes Agriculteurs. Les actions ne s'arrêtent pas à la route, car les trains entre Toulouse et Narbonne sont également à l'arrêt, et la SNCF ne prévoit aucune reprise.
Mercredi matin, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard a lancé un appel à "l'apaisement à l'approche de Noël", alors que les agriculteurs prévoient de maintenir leurs actions au-delà des fêtes si nécessaire. Dans le centre de Limoges, une trentaine de remorques contenant des bottes de paille pourries ont été déposées devant la préfecture, tandis que des agriculteurs de Mont-de-Marsan réclament l'arrêt de l'abattage systématique. "Le gouvernement n'est pas prêt à écouter nos revendications, donc nous ne comptons pas céder", a affirmé Stanislas Chedru, un exploitant local.
Ailleurs, des agriculteurs continuent de camper sur l'autoroute A64 à Carbonne tandis que l'A20, l'A63 et l'A89 sont également partiellement bloquées. La situation se dégrade, avec 75 actions recensées à l'échelle nationale, une augmentation significative par rapport aux jours précédents. Le préfet du Gers, Alain Castanier, a signalé des dégradations à la préfecture d'Auch, condamnant ces excès.
Pour sa part, Annie Genevard a annoncé que 750.000 bovins seraient vaccinés dans les semaines à venir dans le Sud-Ouest, une mesure qui semble insuffisante au regard des préoccupations des agriculteurs. "C'est une avancée, mais cela ne suffit pas", affirme Vincent Collineau, un éleveur de Monségur qui craint de ne pas retrouver de bétail pour repeupler son cheptel en cas d'abattage. L'État, depuis le début de l'épidémie en juin dernier, s'efforce de juguler la propagation du virus par des mesures telles que l'abattage préventif, la vaccination ciblée et des restrictions sur les mouvements du bétail.
Au total, 114 foyers de DNC ont été signalés en France depuis le début de l'épidémie. La ministre a également introduit un nouveau fonds de soutien de plus de 10 millions d'euros visant à aider les petits agriculteurs à faire face aux pertes économiques et au nettoyage des installations contaminées.
Cependant, malgré les promesses de soutien, le climat de méfiance perdure parmi les agriculteurs, illustrant les défis complexes auxquels fait face le secteur agricole français aujourd'hui.
