La présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte-Cunci, a tenu une audition de plus de quatre heures devant la commission d’enquête de l'Assemblée nationale sur l'audiovisuel public, où elle a été confrontée à des questions difficiles sur la santé financière de l'entreprise. Bien que son entrée ait été marquée par un ton détendu, les débats ont rapidement mis en lumière l'ampleur des défis que France Télévisions doit relever.
Alors que la société accuse un déficit de 81 millions d'euros, Ernotte a tenté d'expliquer cette situation par des coupes budgétaires successives de l'État. Elle a également souligné les efforts de réduction des coûts, mentionnant la diminution de 1 200 équivalents temps plein depuis 2015, évoquant que l'entreprise est "en plan social depuis plus de dix ans". En dépit de ces explications, de nombreux députés, dont Charles Alloncle, rapporteur UDR, ont exprimé leurs préoccupations quant à la transparence et à la viabilité financière de France Télévisions.
Les questions portant sur le contenu de France TV Slash, une plateforme spécialisée pour les jeunes qui a été qualifiée de "wokiste", ont également suscité des réactions. Ernotte a affirmé que le contenu ne peut être résumé à quelques exemples, défendant la diversité de l'offre, tout en reconnaissant que les adolescents posent fréquemment des questions sur des sujets délicats tels que la sexualité et la santé mentale. La chaîne France Info TV a été critiquée pour ses audiences faibles, ne dépassant pas 1 % alors qu'elle lutte pour se différencier de ses concurrentes privées.
La commission a aussi mis en lumière des dépenses jugées excessives, comme 1,5 million d'euros en frais de réception en 2020, lorsque la plupart des événements se sont déroulés à distance en raison de la pandémie. En réponse, Ernotte a tenté de souligner que ces dépenses étaient nécessaires pour nourrir les équipes travaillant en première ligne, tout en admettant que les échanges avec les soignants devraient être plus délicats.
L'audition a été marquée par des tensions, notamment lorsque le député Aymeric Caron a exprimé son indignation face aux conséquences du traitement médiatique de certains sujets, insistant sur la manière dont des personnalités comme Léa Salamé sont mises en avant sur des antennes publiques. Un environnement tendu s'est instauré lorsque des députés ont demandé des clarifications sur des dépenses professionnelles, comme des nuitées d'hôtel haut de gamme au festival de Cannes, que la présidente a défendues en soulignant l'utilisation d'arrangements financiers créatifs pour couvrir les coûts.
À la lumière de cette audition, le chemin vers une réforme de France Télévisions semble semé d'embûches, alors que l'avenir de l'audiovisuel public se dessine sous des questions de transparence et de responsabilité. Le débat s'annonce intense, et beaucoup espèrent que cette commission d’enquête sera le catalyseur d’un changement réel.







