La situation actuelle des finances publiques en France est souvent abordée uniquement par le prisme des chiffres de dépense ou de déficit. Ce faisant, les analystes négligent souvent la nature même de ces dépenses, leurs finalités, ainsi que leur allocation. En 2023, la France a consacré 31,7 % de son PIB aux dépenses sociales, contre une moyenne de 26,2 % pour d'autres pays européens comme l'Allemagne et la Suède. Un écart qui soulève des interrogations.
Les dépenses de retraite à elles seules représentent 15,4 % du PIB en France, alors que nos voisins se contentent d'une moyenne de 10,3 %. Dans ce contexte, la qualité des services fournis ne semble pas être à la hauteur des sommes engagées. Des indicateurs tels que le taux de remplacement des retraites et l'accès aux soins montrent des performances parfois en-deçà des attentes.
Une maladie chronique : l'État-providence en France
La France a tendance à privilégier la pérennité des rentes au détriment des investissements dans l'avenir. Les secteurs comme l'éducation, la recherche et l'innovation reçoivent moins de fonds que la moyenne européenne, aggravant le problème à long terme.
Il est crucial de reconnaître cette tendance à vivre à crédit, sans véritable retour sur investissement pour les générations futures. Les mécanismes de redistribution actuels créent des inégalités intergénérationnelles, au bénéfice de certaines catégories sociales déjà privilégiées, comme le souligne l'économiste Thomas Piketty.
Le budget, captif des intérêts particuliers
Il est essentiel de rappeler les travaux de l'économiste Luigi Zingales qui parlent de la "capture du pouvoir fiscal" par des groupes d'intérêts. En France, chaque catégorie cherche à protéger ses avantages sans prendre en compte les conséquences pour l'ensemble du pays. La fonction publique, par exemple, continue de recruter dans des postes administratifs redondants, alors que des secteurs indispensables comme l'éducation ou la recherche souffrent d'un manque cruel de ressources humaines.
Une réforme radicale des retraites, qui inclurait une part de capitalisation collective, ainsi qu'une restructuration de la fonction publique, sont désormais des priorités incontournables. Selon l’Institut Montaigne, ces changements pourraient permettre de réorienter significativement les budgets vers des investissements futurs, par exemple dans le secteur des technologies de pointe.
Une jeunesse désillusionnée face à l’avenir
La jeunesse française, la plus pessimiste d'Europe, ressent ce déséquilibre et cette iniquité. Un sondage réalisé par l'Observatoire des inégalités révèle que 78 % des jeunes pensent ne pas bénéficier des efforts économiques de leur pays. Consciente que leur avenir pourrait être hypothéqué par des systèmes dépassés, ils font face à un sentiment d'abandon croissant.
Il est grand temps de redéfinir le pacte budgétaire en mettant l'accent sur la liberté économique, la responsabilité intergénérationnelle et la compétitivité nationale. Cela nécessiterait une étude méthodique des dépenses publiques et un réinvestissement significatif dans la formation, l’intelligence artificielle, ainsi que les biotechnologies.
Ce retournement de cap n'est pas une austérité, mais une réallocation stratégique de ressources. Pour que la France retrouve la voie de la prospérité, elle doit évoluer d’un État redistributeur à un véritable État investisseur.







