Jeudi, le Portugal est en proie à une grève générale qui paralyse les transports en commun, les établissements scolaires et les hôpitaux, en réaction à une réforme du code du travail soutenue par le gouvernement de droite. Ce mouvement social, le plus significatif depuis 2013, fait écho à une époque de rigueur budgétaire, alors que le pays était sous assistance de l'Union européenne et du Fonds monétaire international.
Le Premier ministre Luis Montenegro défend cette réforme, qui vise à « dynamiser la croissance économique et créer des emplois mieux rémunérés ». Cependant, parmi les mesures controversées, on trouve l'allongement de la durée des contrats temporaires et des propositions favorisant la sous-traitance après des licenciements, ainsi qu'une augmentation des services minimum en cas de grève.
Pour Tiago Oliveira, le secrétaire général de la CGTP, grande centrale syndicale du pays, ce projet constitue « une des plus grandes attaques contre le monde du travail », visant à « normaliser la précarité » et à « déréguler les horaires de travail ». Environ 1,3 million de travailleurs au Portugal sont déjà dans une situation précaire, selon des données de la CGTP.
La grève, soutenue par l'autre confédération syndicale, l'UGT, qui est historiquement plus modérée, est censée avoir un impact considérable sur les secteurs des transports et des services publics. Les entreprises de transport aérien, dont TAP Air Portugal, prévoient de fonctionner à seulement un tiers de leur capacité habituelle. Les chemins de fer annoncent également des perturbations dans les jours à venir.
« Ce mouvement de grève est déjà un succès », a affirmé Tiago Oliveira, soulignant qu'il vise à attirer l’attention du public sur les enjeux de cette réforme alors que le pays se prépare pour les élections présidentielles de 2026. D’après un sondage récent publié par la presse locale, 61 % des Portugais soutiennent la grève.
La coalition de droite au pouvoir fait face à des accusations de ne pas avoir prévu cette réforme dans son programme électoral, ce qui soulève des inquiétudes au sein de l'opinion publique. Bien que le gouvernement ne possède pas de majorité absolue, il pourrait disposer du soutien des libéraux et de l'extrême droite, qui est désormais la deuxième force politique du pays.
Alors que le Portugal affiche une croissance économique d'environ 2 % et un taux de chômage historiquement bas, le gouvernement estime que c'est le moment opportun pour mettre en œuvre cette réforme. Les critiques affluent, certains experts affirmant que ces mesures pourraient compromettre les droits des travailleurs et aggraver la précarité. Selon un article du journal Público, une réévaluation des priorités sociales s'avère nécessaire pour répondre aux défis actuels tout en stimulant l'économie.







