Suite à la panne d'électricité qui a frappé la péninsule ibérique fin avril, la Commission européenne a récemment annoncé son intention d'accélérer les projets d'interconnexion électrique entre la France et l'Espagne, une initiative longtemps freinée par de nombreux obstacles politiques. Alors que Madrid et Lisbonne expriment régulièrement leur frustration face au manque de progrès de la France dans ce domaine, la nécessité de renforcer ces liaisons est devenue plus pressante.
Actuellement, une nouvelle liaison électrique sous-marine est en cours de construction dans le Golfe de Gascogne, doublant ainsi la capacité d'échange d'électricité entre la France et la péninsule ibérique à 5 gigawatts. Cependant, le Portugal et l'Espagne plaident également pour l'intégration de nouvelles lignes afin de sécuriser leur approvisionnement énergétique à long terme.
À la suite de la panne, qui a mis en lumière la vulnérabilité actuelle des systèmes électriques, les deux pays avaient demandé à la Commission européenne une intervention rapide et efficace. Leur demande a été accueillie, la Commission ayant désigné huit « autoroutes européennes de l'énergie », des projets d'infrastructure prioritaires destinés à garantir la sécurité des approvisionnements énergétiques en Europe tout en réduisant les coûts pour les consommateurs.
Parmi ces projets, on trouve deux nouvelles liaisons souterraines prévues à travers les Pyrénées. Un accord intergouvernemental signé en 2015 envisageait déjà la construction d'une liaison enterrée entre la Navarre ou le Pays Basque en Espagne et le département français des Landes, ainsi qu'une autre entre l'Aragon et les Pyrénées-Atlantiques. Pourtant, ces initiatives sont restées lettre morte jusqu'à présent.
Dan Jorgensen, le commissaire européen à l'énergie, a souligné : "Tous les pays européens bénéficieront de plus de connexions, et je pense que personne ne sera offensé en disant que la France a parfois été réticente à développer ses interconnexions." Il a rappelé qu'une meilleure intégration régionale permettrait à la France d'éviter jusqu'à 40 pannes d'électricité par an. Au-delà des aspects techniques, Teresa Ribera, vice-présidente de la Commission, a ajouté que "plus nous serons interconnectés, plus nous serons préparés en cas de crise énergétique".
Les interconnexions sont essentielles pour garantir la sécurité des approvisionnements, permettant aux pays d'importer ou d'exporter de l'énergie selon leurs besoins, tout en offrant la possibilité de s'approvisionner au meilleur prix. Plus largement, la Commission européenne s'engage à faciliter la modernisation des réseaux électriques au sein de l'UE, projet qui nécessitera un investissement estimé à 1 200 milliards d'euros d'ici 2040. Elle propose même de créer une procédure pour lancer des appels à projets afin de remédier aux insuffisances des liaisons transfrontalières.
Dans le même temps, des propositions de simplifications des règles environnementales ont été mises en avant pour réduire la bureaucratie entourant ces projets stratégiques, notamment dans le secteur de l'énergie.







