La présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte Cunci, a pris la parole mercredi devant une commission d’enquête parlementaire dédiée à l’audiovisuel public, dans un contexte tendu marqué par des accusations de partialité visant le groupe. Elle a insisté sur l'importance de la neutralité dans les émissions, qualifiant cet impératif de « exigence absolue ».
Au cours d'une audition qui a duré plusieurs heures au sein de l'Assemblée nationale, Mme Ernotte a dû jongler avec les nombreuses questions du rapporteur Charles Alloncle (UDR), qui a préparé un document contenant pas moins de 50 interrogations. « France Télévisions est un média financé par tous, il doit donc s’adresser à tous, sans distinction », a-t-elle déclaré, reconnaissant néanmoins que les récentes polémiques avaient ouvert un « débat légitime ».
Les critiques émises à l'encontre de France Télévisions, venant notamment de certains partis de droite et du Rassemblement National, s’articulent autour d'une prétendue connivence avec la gauche, exacerbée par l'affaire Legrand-Cohen, où deux journalistes furent filmés en interactions avec des responsables du Parti Socialiste. En réponse, Ernotte a affirmé que l’innovation et la transparence de leur offre médiatique étaient strictement contrôlées pour préserver l'équilibre des points de vue.
Controverses mises à part, elle s'est également ouverte sur les erreurs passées en précisant : « Je ne considère pas que nous soyons irréprochables ; il peut y avoir des sanctions internes », tout en maintenant que l’information diffusée par le groupe est « rigoureuse et impartiale ».
Par ailleurs, la question du financement de France Télévisions est sur toutes les lèvres. Mme Ernotte a souligné les « efforts massifs » entrepris depuis son arrivée à la tête en 2015, affirmant que « France Télévisions coûte aux Français 500 millions d’euros de moins par an ». Néanmoins, face aux préoccupations soulevées par le rapporteur quant à la sincérité des comptes, elle a averti que pour atteindre l’équilibre d’ici 2026, il serait nécessaire de revoir les missions de l’organisation, accompagnée de réformes structurelles indispensables.
Dans un rapport récent, la Cour des comptes a identifié une « situation financière critique », soutenant la nécessité d’ajuster les prévisions budgétaires de 65 millions d’euros pour 2026. S'interrogeant sur ses responsabilités, Delphine Ernotte a justifié ses positionnements en faisant référence aux décisions du « tutelle » étatique, et à sa rémunération, assurant que ces éléments étaient sous la charge de l’État.
À propos des frais de réception importants en 2020, elle a mentionné que les équipes étaient mobilisées durant la crise sanitaire, nécessitant un soutien accru. Le président de la commission, Jérémie Patrier-Leitus, a tenté de tempérer les débats en précisant que cet exercice ne visait pas à juger France Télévisions.
Avec des perspectives de « pistes radicales » à venir dans le rapport final qui sera publié au printemps, certains alliés du Rassemblement National soulèvent également la question d’une éventuelle privatisation de l’audiovisuel public.
À l’issue de cette audition, il est clair que la route vers une pleine confiance du public ainsi qu’un financement pérenne pour France Télévisions ne sera pas sans défis. Les attentes des citoyens vis-à-vis d’un service public d’information impartial et responsable demeurent intactes.







