Pour des agriculteurs mobilisés contre la gestion gouvernementale de la dermatose bovine, le réveillon de Noël a été vécu différemment cette année. Au lieu de se retrouver en famille, ils ont passé la soirée en caravane sur l'A64, au sud de Toulouse, où une messe a été célébrée sur l'autoroute.
Sous une tonnelle de près de 40 mètres, au moins 300 personnes se sont rassemblées pour prier et demander au "Seigneur de veiller sur nos agriculteurs". Cette communion montre qu’ils ne sont pas seuls dans leur combat. Les habitants locaux ont encore une fois manifesté leur soutien, malgré le froid. Un habitant a même apporté 20 douzaines d’huîtres, tandis que Frédéric Meynard, céréalier et membre des Ultras de l'A64, a exprimé sa gratitude pour les dons reçus : "Des boîtes de chocolats et des pots de miel, nos conteneurs sont toujours pleins depuis le début de cette mobilisation."
Fabrice Graglia, un agent SNCF de 49 ans, qui a déjà visité le barrage plusieurs fois, a été touché par la résilience des agriculteurs. "Ils devraient être chez eux, en famille, mais ils luttent pour des solutions" a-t-il déclaré, ajoutant qu’il avait amené du champagne pour égayer un peu la soirée. Nathan, son fils étudiant à Toulouse, a ajouté : "C'est vraiment triste de les voir célébrer ici."
Christophe Gimenez, un manager de transport de 50 ans, a également souligné l'esprit de solidarité qui règne : "Ici, c'est convivial. Dans la vie, il faut savoir donner et recevoir. Je suis venu préparer des pizzas pour tout le monde."
Les agriculteurs, en désaccord avec le gouvernement sur plusieurs points, ont refusé de lever leur blocage, déplorant que peu de solutions soient apportées quant à la crise de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) et aux difficultés rencontrées par les céréaliers de la région. Ils ont déjà connu des altercations avec des forces de l'ordre, comme lors de l'abattage de 207 vaches aux Bordes-sur-Arize. Un sapin décoré de grenades lacrymogènes vides témoigne de ces tensions.
Jean-Benoît Devic, éleveur et céréalier, a rassuré : "Nous avons nourri près de 7 000 personnes depuis le début de notre mouvement. Tout se passe dans une ambiance solidaire," a-t-il précisé. La frénésie des festivités n'a pas diminué malgré des nuits de plus en plus froides.
"On espère ne pas passer le Nouvel An sur l'autoroute, mais si cela s'avère nécessaire, nous sommes prêts," conclut Meynard, mettant ainsi en lumière la détermination des agriculteurs.







