Le 30 décembre dernier à Carcassonne, une action inédite a été menée par plusieurs syndicats agricoles pour dénoncer les pratiques de la grande distribution face à la concurrence des produits importés.
Des représentants du SELPA, de la Coordination rurale, des Jeunes Agriculteurs (JA) et de la Confédération paysanne se sont réunis devant le Black, une ancienne boîte de nuit, avec près de dix tracteurs venant de Quillan et Castelnaudary. Leur but n'était pas de causer des dommages, mais plutôt de remplir des caddies de produits étrangers abandonnés sur place. Antoine Micouleau, membre de la Coordination rurale, a précisé : "Nous ne voulons ni casser ni voler, car cela nous coûterait cher. L'idée est de créer une prise de conscience sur la situation actuelle."
Environ 100 manifestants ont réclamé des mesures pour contrer les accords de libre-échange, notamment au sein du Mercosur, et ont distribué des jetons aux passants pour les sensibiliser. Selon Yann Vetois, co-porte-parole de la Confédération paysanne de l’Aude, "nous dénonçons la mise en concurrence déloyale entre les produits locaux et ceux importés. Nous exigeons un prix minimum à l'importation pour protéger nos agriculteurs." Cet appel à la mobilisation s’inscrit dans un contexte où les prix des produits importés, comme une barquette de tomates cerises Azuya à seulement 4 euros le kilo, rendent la concurrence particulièrement difficile pour les producteurs français.
Une pression croissante sur la grande distribution
Les manifestants ont également vérifié les rayons de viande, faisant sonner des cloches de vaches pour attirer l'attention sur leur action. Dans plusieurs magasins, comme au Carrefour du Pont Rouge, les employés avaient reçu des instructions pour ne pas exposer de viande d'origine étrangère. Selon l'Indépendant, une centaine de caddies, représentant environ 500 euros de produits, ont été abandonnés en signe de protestation. Antoine Micouleau a tancé : "Pour une petite action entre les fêtes, c’est déjà un bon signal. Si ces actions se multiplient, peut-être que la grande distribution commencera à respecter nos produits."
En parallèle, le quotidien La Dépêche du Midi a rapporté que les agriculteurs continuent de faire pression pour l'annulation de certains accords qui, selon eux, nuisent à la survie du secteur. La préfecture de l'Aude a reçu une délégation de manifestants à 16 heures pour répondre à leurs revendications, mais des interrogations demeurent quant aux véritables solutions qui seront mises en place pour assurer un avenir viable aux agriculteurs français. L'engagement de ces acteurs du secteur souligne l'urgence d'une réforme plus réfléchie, pris en compte par le gouvernement pour redresser la situation.
