La crise de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) chez les bovins révèle des tensions profondes dans le paysage syndical agricole français. Face à une situation sanitaire préoccupante, deux visions divergent : d'un côté, la défense d'un protocole sanitaire strict, soutenue notamment par la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs ; de l'autre, une contestation des mesures jugées excessives, incarnée par la Coordination Rurale (CR).
Au cœur de cette discorde, la stratégie initiale préconisée par la FNSEA et les JA consistait en un dépeuplement total des troupeaux infectés. Cependant, la Coordination Rurale propose une approche alternative, privilégiant un abattage sélectif des animaux malades et une vaccination généralisée. La CR remet ainsi en question des protocoles qu'elle juge disproportionnés, arguant que la santé économique des exploitations doit primer.
Cet écart de positions illustre un conflit plus large entre la logique institutionnelle et la nécessité d'adapter les décisions étatiques face à l'urgence économique des éleveurs. La CR, dont les fédérations départementales opèrent de manière indépendante, opte pour des mobilisations offensives, comme les barrages, et invite les bases des syndicats majoritaires à s'unir. En revanche, FNSEA et JA privilégient un dialogue avec les autorités, une approche parfois perçue comme trop conciliante.
Ces divergences se manifestent également à l’échelle territoriale. Dans certaines régions, des coalitions locales sont formées pour contester les mesures d’abattage jugées insoutenables. Toutefois, ces initiatives ne masquent pas les désaccords récurrents à l'échelle nationale et même au sein de la Coordination Rurale, où les tensions entre impératifs sanitaires et survie économique des exploitations se font de plus en plus palpables.
La situation soulève des inquiétudes parmi les éleveurs, certains craignant que des mesures trop strictes nuisent à la viabilité de leurs fermes. Philippe de la CR souligne que « la santé des animaux doit être prioritaire, mais il est crucial de ne pas sacrifier nos exploitations ».
Alors que cette crise sanitaire s'intensifie, il devient essentiel de trouver un équilibre entre la protection de la filière et le soutien aux agriculteurs. La réserve de la France face aux enjeux de la DNC témoigne du besoin urgent d'une réflexion collective sur l'avenir de l'élevage bovin, une thématique qui mérite d'être au cœur des discussions au sein des instances syndicales.







