Depuis plusieurs jours, des agriculteurs dans différents départements de France s'élèvent contre la stratégie sanitaire drastique adoptée par le gouvernement pour lutter contre la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). Au cœur de la controverse : l'abattage systématique de tous les animaux d'un troupeau désigné dès qu'un cas de la maladie est détecté. La ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, persiste à défendre cette approche, estimant qu'elle est "la seule solution pour préserver l'ensemble de la filière", malgré le tollé que cela suscite parmi les éleveurs.
La DNC, une maladie virale transmise par des insectes piqueurs, a été identifiée pour la première fois en France au cours de l'été 2022. En raison de sa contagiosité élevée, de nombreux cas se sont rapidement propagés à travers le pays, aggravés par le transport routier des animaux. L'Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) rapporte un taux de morbidité variant entre 10 et 20%, certains endroits enregistrant même des taux atteignant 45%. Ces chiffres alarmants justifient la décision du gouvernement d'imposer l'abattage total des troupeaux infectés.
Les agriculteurs, soutenus par des organisations comme la Coordination rurale et la Confédération paysanne, dénoncent cette stratégie, la qualifiant d'inefficace et d'injuste. Comme l'indiquent plusieurs éleveurs, "il y a des vaches en parfaite santé qui sont poussées à l'abattage". De plus, potentiellement, des animaux asymptomatiques peuvent porter le virus sans manifeste l'infection, rendant leur abattage immédiat d'autant plus contestable.
Pour conserver son statut "indemne" de la maladie à l'échelle européenne, la France doit respecter un cadre réglementaire strict. Tout assouplissement des protocoles d'abattage pourrait entraîner une mise sur cloche de l'élevage bovin français, avec des conséquences majeures sur les exportations. "Si l'on ne suit pas ce protocole, l'Europe ne tolérera pas que nous continuions à exporter des animaux ou des produits laitiers", a averti Genevard, qui a accrédité une vision de crise non seulement sanitaire mais économique.
Ce choix d'abattage, souvent critiqué, est néanmoins soutenu par des études montrant son efficacité dans des pays comme la Bulgarie, où des traitements similaires ont permis de contenir la DNC. Toutefois, nombre d'experts s'interrogent sur la durabilité d'une telle approche à long terme, qui risque de peser lourdement sur les élevages et leurs revenus.
Comme le souligne une récente analyse par la presse, le coût émotionnel et économique pour les éleveurs pourrait bien dépasser les bénéfices espérés dans une lutte contre cette épidémie. Alors que la tension monte entre les autorités et la communauté agricole, la nécessité d'un dialogue plus approfondi et de solutions alternatives évoquées, comme la vaccination ou des protocoles spécifiques à chaque région, semble plus que jamais d'actualité.







