À l'approche des fêtes de Noël, les traditions méditerranéennes prennent place, notamment celle des crèches vivantes, connues localement sous le nom de pessebres. En pays catalan, cette coutume a vu le jour au début du XXe siècle, initiée par un prêtre visionnaire. Cette année, la ville d'Ille-sur-Têt, dans les Pyrénées-Orientales, est en émoi alors qu'elle célèbre le centenaire de cette activité emblématique.
Le pessebre d’Ille-sur-Têt a su braver les tempêtes du temps, devenant une tradition emblématique de la région. Pour mieux comprendre cette crèche vivante unique, il est bon de revenir sur ses origines. Selon Julien Selva, directeur du chœur de l’Estudiantina, l'association qui supervise cet événement depuis les années 1980, le pessebre n'est pas uniquement une invention catalane. "Les crèches vivantes remontent à Saint-François d’Assise et font partie de la riche tradition populaire catholique de toute l'Europe méditerranéenne", précise-t-il.
L’histoire débute avec Joseph Bonafont, un prêtre et poète local, inspiré par les représentations pastorales de Provence. En 1926, il adapte le livret de la crèche pour que les enfants du catéchisme puissent le jouer. "L'œuvre de Bonafont raconte fidèlement la naissance du Christ et l'adoration des rois mages, à la différence d'autres représentations qui intègrent souvent des thèmes de métiers", souligne Selva.
Une version moderne étendue
Composée à l'origine de huit chants, la tradition du pessebre a continué jusqu'aux années 1960 avant de connaître un déclin, faute de participants. Ce n'est qu'en 1985 que le célèbre chanteur catalan Jordi Barre relance l'événement. Aujourd'hui, cette représentation réunit une soixantaine de chanteurs amateurs chaque année, qui se retrouvent régulièrement en octobre et novembre pour préparer les spectacles de décembre.
Alors que la partition d'origine s'adressait à des enfants, elle a évolué pour inclure des adultes, ajoutant au total 25 chants, dont une adaptation d'un chant liturgique orthodoxe du XIVe siècle. Pour célébrer son centenaire, le pessebre d’Ille-sur-Têt a effectué une tournée dans les Pyrénées-Orientales, culminant avec une représentation spéciale dans l'église Saint-Étienne le 26 décembre à 17h30, un événement très attendu par la communauté locale.
Cette tradition, tout en étant profondément enracinée dans le cultuel, témoigne également de la richesse culturelle catalane. Selon le sociologue Pierre Simon, "le pessebre est bien plus qu'une simple représentation, c'est un lien entre les générations et une façon de pérenniser une langue et des coutumes. Il valorise notre héritage commun à chaque Noël".







