Francis Mazars, héritier d'une passion pour l'histoire locale, présente son dernier livre, Les Voies de la mémoire, qui explore la riche tapisserie historique du Bassin decazevillois. Fils de Lucien Mazars, ancien maire d’Aubin et créateur du Musée de la Mine, Francis a entrepris cette quête en 2019, inspiré par les noms de rues, de places et de monuments qui jalonnent cette région, plus de 600 au total.
« C’est en découvrant ces appellations, souvent insoupçonnées, que j’ai ressenti le besoin de plonger dans nos racines », explique-t-il. Avec l'aide des Archives nationales, de la Société des Lettres de l’Aveyron et d'autres ressources, il a cherché à comprendre ces témoins silencieux de l'histoire. À l’heure où le Bassin cherche une nouvelle identité, son livre s’avère essentiel pour renouer avec une histoire riche : celle d’une ruralité d’antan, d’une aventure industrielle bouillonnante, et de personnages emblématiques ayant façonné ce territoire.
Parmi les noms qui ont émergé, certains ont particulièrement surgi de l’oubli. « Le hameau des Escabrins ou des Cambrins évoque la prospérité pastorale de notre région, » ajoute Mazars. En effet, ces lieux rappellent les origines de marchés florissants à Decazeville, Aubin et Cransac, où lambin, moutons et chèvres étaient rois. De plus, les recherches ont révélé que la chair de mouton était tant prisée par Louis XIV qu'il en avait fait un de ses plats favoris.
Francis se souvient aussi de la rue de son enfance, portant le nom de Paul Lafargue, un personnage moins en vue que d'autres figures socialistes françaises, mais tout aussi significatif. Ce fondateur du parti socialiste espagnol et de la SFIO avait un lien fort avec Decazeville, soutenant les mineurs grévistes en 1886, un acte qui lui valut une incarcération.
Il souligne également la rue Emma Calvè à Decazeville, qui fait référence à une cantatrice de renom, connue pour sa maîtrise du chant lyrique à l'époque. La vie et le parcours de cette artiste née à Decazeville méritent d'être remis en lumière, car elle est une figure emblématique du patrimoine culturel. Adam Grange, directeur d’une célèbre usine de zinc, est un autre homme dont l’héritage mérite d’être reconnu. Grâce à ses efforts, la vie sociale dans le Bassin a connu des transformations significatives. Ses réalisations, en matière de logement et de conditions de travail, témoignent d'un souci d'humanité souvent absent à l'époque industrielle.
Avis d'experts et témoignages locaux soulignent que la redécouverte de ces personnalités est essentielle pour reconstruire l'identité du Bassin. Comme l'indique Jean Dupont, historien à la Société des Lettres de l’Aveyron, « Il est impératif de ne pas laisser ces mémoires s’évanouir. Chaque rue, chaque nom est une porte d’entrée vers notre passé commun ».
Pour ceux qui souhaitent plonger dans cette découverte passionnante, Les Voies de la mémoire est disponible au Musée de la Mine, ainsi que dans les commerces associés d’Aubin et Decazeville, avec tous les bénéfices reversés au musée, garantissant ainsi la pérennité de cette mémoire collective.







