Dans une démarche visant à soutenir les entreprises locales, le conseil régional de Bretagne a décidé d'utiliser la commande publique comme un levier économique stratégique. Lors de la dernière session d’orientation budgétaire à Rennes, le 11 décembre 2025, il a été annoncé que 300 millions d'euros seront consacrés par an à la commande publique dans le cadre d'un plan baptisé Spaser, destiné à promouvoir des achats socialement et écologiquement responsables.
Simon Uzenat, conseiller régional en charge de l’achat public, a présenté des objectifs ambitieux : 70 % des contrats attribués aux petites et moyennes entreprises, ainsi qu’un volet social fort, engageant 100 % des contrats à inclure des clauses sur l’égalité femmes-hommes ou des critères environnementaux. Le plan prévoit aussi que 65 % des aliments servis dans les cantines soient de qualité, avec un cible de 40 % pour ceux issus de l'agriculture biologique.
Cette initiative, bien que soutenue par de nombreuses organisations professionnelles – comme le Medef et la CCI – a suscité des critiques de la droite et de l'extrême droite. Elles craignent que de telles mesures créent des obstacles pour les plus petites entreprises. Stéphane de Sallier Dupin a même qualifié le Spaser de "technique dont les effets pourraient se révéler contre-productifs" en évoquant la surcharge de normes. De son côté, Loïc Hénaff, un industriel engagé dans cette démarche, défend le programme comme un outil essentiel pour la protection des entreprises bretonnes face à la concurrence internationale croissante.
La stratégie de relocalisation des achats est également prise en compte, avec des estimations selon lesquelles elle pourrait créer jusqu'à 130 000 emplois d'ici 2030, générant 5,3 milliards d’euros de chiffres d’affaires pour l’économie locale. Un chiffre qui pourrait être corroboré par des experts de l’économie circulaire, comme en témoignent les études réalisées par l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE).
Les élus du conseil régional insistent sur la nécessité de repenser notre dépendance à l’étranger en matière d’approvisionnement, prônant une consommation plus locale. "Il faut prendre en compte le coût total d’un produit, allant au-delà de son prix d’achat, en incluant des éléments comme le transport et le service après-vente, ce qui peut réduire l’écart de prix entre produits locaux et importés," conclut Loïc Hénaff.







