À quelques heures d’un vote crucial, la tension est palpable autour du projet de budget de la Sécurité sociale, porté par le Premier ministre Sébastien Lecornu. Alors que les discussions s'intensifient, il semble que chaque voix comptera dans ce scrutin indécis.
Lecornu, qui mise sur un dialogue constructif avec le Parti socialiste, se retrouve face à une opposition majeure dans son propre camp. Les Républicains et Horizons jugent que le budget est trop en faveur de la gauche et indiquent qu'ils ne soutiendront pas la proposition.
Ce vote en deuxième lecture, décisif pour la suite de la législature, est prévu en fin d'après-midi. Le rejet du texte pourrait marquer un affaiblissement supplémentaire de Lecornu, déjà ébranlé par une majorité chaotique. Toutefois, Maud Brégeon, porte-parole du gouvernement, a souligné que sa démission n'aurait pas de sens dans ce contexte tumultueux.
Lecornu, nommé à Matignon il y a seulement trois mois, a évité d’utiliser l’article 49.3, qui permettrait d'adopter le texte sans vote, mais exposerait le gouvernement à une censure. Sa stratégie repose sur la mise en œuvre de “petits pas” pour obtenir des soutiens.
Sur le plan des recettes, il a réussi à faire adopter certains compromis, notamment concernant la CSG sur le capital et l'abandon de l'augmentation des franchises médicales. Cependant, le soutien des groupes politiques est loin d'être acquis, exacerbant l'incertitude quant au vote final.
Pour séduire les députés écologistes, Lecornu a proposé d'augmenter l’objectif de dépenses de l'assurance maladie à 3 % au lieu de 2 %. Cyrielle Chatelain, présidente du groupe écologiste, a admis qu'une abstention pourrait être envisagée, mais souhaite d'abord des engagements clairs du gouvernement quant aux dépenses en soins.
De son côté, Horizons semble opter pour une large abstention, selon son chef de groupe, Paul Christophe. Ce dernier salue une approche qui éviterait le chaos, tout en préconisant de ne pas voter contre.
Au sein des Républicains, Bruno Retailleau a fermement rejeté ce qu'il qualifie de “budget socialiste”. Cependant, certains députés pourraient se montrer favorables au projet, compte tenu de l'absence de consensus sur la réforme des retraites.
Le déficit de la Sécurité sociale est une autre sonnette d'alarme. Le gouvernement prévoit un déficit atteignant 19,6 milliards d'euros, et avertit qu'en l'absence d'un texte budgétaire, celui-ci pourrait grimper à 30 milliards d’euros d'ici 2026. La ministre de la Santé, Stéphanie Rist, insiste sur l'importance d'adopter le budget pour éviter une dégradation sanitaire.
Les syndicats, tels que la CFDT, bien que généralement critiques, appellent à un vote favorable, considérant l’adoption budgétaire comme cruciale pour le secteur hospitalier, selon des sources au sein de la fédération hospitalière. Le chemin est encore long pour Lecornu, car une fois voté, le texte devra encore passer par le Sénat avant de revenir à l'Assemblée pour un ultime vote.
La situation reste donc délicate, avec chaque partie tentant de s'aligner sur un consensus, mais sans garantir un résultat favorable. En regardant vers l’avenir, les incertitudes persistent, et l'issue de ce vote pourrait lourdement impacter le paysage politique français.







