Les deuxièmes rencontres Méditerranée Solidaire ont eu lieu récemment à Gruissan, où Sophie Beau, directrice de SOS Méditerranée, a fait le point sur l'attaque subie par le navire de l'ONG, Ocean Viking, ainsi que sur les défis financiers qui les attendent pour 2026.
Le navire Ocean Viking, qui a subi des tirs de la part des gardes-côtes libyens, se prépare à reprendre la mer après quatre mois de réparations. Les membres de l'équipe, actuellement à Syracuse, se concentrent sur la sécurité et la mise en place de nouveaux protocoles avant de se lancer à nouveau dans des missions de sauvetage.
« Nous avons dû prendre le temps de réfléchir après cet incident traumatisant. Le 24 août dernier, notre navire a été ciblé par un patrouilleur libyen qui a ouvert le feu sans prévenir. Malgré les dégâts et la peur intense ressentie par l'équipage et les 87 réfugiés à bord, heureusement, aucun blessé n'a été recensé », confie Sophie Beau.
La situation en Méditerranée demeure préoccupante, avec un nombre élevé de traversées même durant la saison hivernale. Selon les chiffres du Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR), l'Italie a enregistré 65 000 arrivées par la mer en 2025, un chiffre stable par rapport à l'année précédente, malgré un taux alarmant de mortalité en mer. En effet, le nombre de décès a cruellement augmenté avec la diminution des opérations de sauvetage.
Sur le plan budgétaire, l'ONG fait face à des défis considérables. Des subventions, notamment une de 10 000 €, sont actuellement contestées par des élus du Rassemblement national. « Les collectivités territoriales ont pourtant un droit légitime de soutenir des actions humanitaires, comme l’a souligné un arrêt du Conseil d'État en 2024 », affirme Sophie Beau.
Cependant, il existe des inquiétudes croissantes face à un environnement financier incertain. Des coupes dans l'aide humanitaire à l'international, notamment aux États-Unis, impactent directement des organisations comme la Croix-Rouge, amenant à une réduction des financements disponibles pour les missions essentielles de sauvetage en mer.
En raison de ces restrictions budgétaires, SOS Méditerranée redoute pour 2026 un budget particulièrement tendu. Le coût d'un jour de sauvetage atteint 24 000 €. Des appels aux dons sont lancés pour mobiliser des contributions de citoyens, leur permettant de continuer à sauver des vies.
Lors des Rencontres Méditerranée Solidaire, Sophie Beau a insisté sur l'importance de cet engagement collectif face à la tragédie humaine qui continue de se jouer en Méditerranée. « En dix ans, grâce à la solidarité de tous, nous avons pu sauver plus de 42 000 vies. Ensemble, nous pouvons continuer à agir », a-t-elle conclu, rappelant l’urgence de la situation.







