Le procureur adjoint de la Cour pénale internationale (CPI), Mame Mandiaye Niang, a récemment exprimé des préoccupations majeures concernant les sanctions imposées par les États-Unis. Lors d’un entretien avec l’AFP, il a dénoncé ces sanctions, les qualifiant d’assimilation injuste des responsables de la CPI à des "terroristes et des trafiquants de drogue". Cette stigmatisation, selon lui, entache la légitimité du travail de la cour.
Niang, âgé de 65 ans, fait partie des magistrats sanctionnés par l’administration Trump en raison des mandats d’arrêt délivrés contre des hauts responsables, dont le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, en lien avec les conflits à Gaza. Dans cet échange, il a souligné que, bien qu'on puisse désapprouver les actions de la CPI, il est inacceptable de banaliser leur travail en les plaçant sur le même plan que des criminels de droit commun.
Les sanctions ont des répercussions directes sur la vie personnelle et professionnelle de M. Niang. Il a partagé des anecdotes touchantes, comme le fait qu'il est désormais incapable de recharger sa voiture hybride, car les restrictions lui bloquent l'accès à sa carte de crédit American Express. De plus, il hésite à envoyer de l'argent à sa famille par peur de bloquer leurs comptes également.
Bien qu'il reconnaisse le rôle des sanctions dans les relations internationales, il avertit que cibler la CPI pourrait la délégitimer. Selon des analyses publiées dans Le Monde, cette cour est la seule instance permanente dédiée au jugement des crimes de guerre, une mission capitale dans le contexte actuel des conflits armés.
M. Niang a également évoqué le manque de collaboration des États pour arrêter des suspects comme Vladimir Poutine ou Netanyahu, un obstacle significatif à l’efficacité de la CPI. Néanmoins, il reste optimiste et évoque la possibilité d'organiser des audiences par contumace, inspirées par un précédent avec le chef rebelle ougandais Joseph Kony.
Dans cette atmosphère détériorée, exacerbée par les accusations d’abus sexuels portées contre Karim Khan, le procureur général par intérim, Niang a décrit l'impact démoralisant sur les équipes de la CPI. Cependant, il souligne que, malgré ces défis, la cour a enregistré des succès cette année, y compris l’arrestation de l’ancien président philippin Rodrigo Duterte.
Les enquêtes de la CPI s’étendent désormais au-delà de l'Afrique, avec une attention croissante portée sur les atrocités en Amérique latine et en Europe, et plus récemment en Ukraine. Niang insiste sur l'importance de la CPI dans un monde encore confronté à des violations massives des droits humains.
"La cour est là pour juger des crimes de masse et défendre les droits des victimes" a-t-il déclaré, ajoutant que la nécessité de la CPI est plus pressante que jamais. Même si les défis sont nombreux, la détermination de la cour à poursuivre sa mission essentielle n'a jamais été aussi forte.







