Un rapport récent du WWF révèle que les espèces protégées en France ont connu une hausse remarquable de 120 % depuis 1990, illustrée par le renouveau des vautours fauves dans le Sud-Aveyron. Cette reprise est enthousiasmante, mais demeure menacée.
Il y a un siècle, le vautour fauve était au bord de l'extinction en France, réduit à une soixantaine de couples dans les Pyrénées-Atlantiques à cause de persécutions, de poison et de la disparition des troupeaux transhumants. Aujourd'hui, grâce à plusieurs décennies d'efforts de conservation, la France abrite près de 3 000 couples de vautours fauves, dont une part significative est localisée dans le Sud-Aveyron.
Selon le WWF, les initiatives de conservation ont permis une augmentation continue des populations de vautours moines, qui comptent actuellement 55 couples. Toutefois, cette réussite reste délicate, avec de récentes tensions entre pastoralisme et protection de l'espèce.
Des programmes de réintroduction novateurs
Depuis 1981, les Grands Causses (Aveyron, Lozère) figurent parmi les pionniers de la réintroduction des vautours fauves. Ce projet, soutenu par le Fonds d'Intervention pour les Rapaces (aujourd'hui Mission Rapaces de la LPO) et le Parc National des Cévennes, a permis la libération de 58 oiseaux dans les gorges de la Jonte. En 1982, le premier poussin sauvage s'est envolé, ouvrant la voie à d'autres programmes dans les Gorges de la Vis, les Baronnies, le Diois et le Verdon, totalisant plus de 3 millions d'euros d'investissements. Le résultat est une population viable, pionnière dans le domaine de la réintroduction des grands rapaces en France.
Un rôle écologique essentiel
Les vautours jouent un rôle crucial en tant qu'équarrisseurs naturels, contribuant à la lutte contre la propagation de maladies tout en fournissant un service écologique évalué à plus de 2 millions d'euros par an. "Leur retour est une victoire pour la biodiversité et pour les éleveurs, qui retrouvent un allié historique", souligne la LPO Grands Causses.
Cependant, ces oiseaux restent vulnérables. Entre 2000 et 2013, 228 vautours ont été retrouvés morts, dont 68 à cause de poison. Les dangers proviennent d'appâts toxiques, de collisions avec des éoliennes et de la destruction intentionnelle. Sobrement, la Coordination Rurale a récemment incité à la chasse des vautours et des loups, ce qui a été dénoncé comme illégal et stérile par la LPO, qui souligne que ces interactions concernent principalement des animaux déjà malades.
Un défi de cohabitation
Le Plan National d’Actions (PNA) Vautour fauve et élevage (2017-2026) vise à favoriser la cohabitation entre les vautours et l'élevage, en consolidant l’équarrissage naturel et en améliorant le suivi scientifique. "Le dialogue est la clé", affirment les experts de la DREAL Nouvelle-Aquitaine, en charge de la coordination du plan.
Actuellement, quatre espèces de vautours se reproduisent en France : le vautour fauve (3 000 couples), le vautour moine (55 couples), le Percnoptère d'Égypte (90 couples) et le Gypaète barbu (80 couples). "Dans les Grands Causses, les vautours fauves, moines et percnoptères sont bien ancrés, avec plus de 1 000 couples de fauves et 34 couples de moines en 2024", précise Léa Giraud de la LPO. En outre, le Gypaète barbu, qui est en danger d'extinction, fait l'objet d'un programme de réintroduction à l'échelle européenne.







