À l'approche des fêtes, la situation devient critique pour l'association "Sauvegarde de l'enfance Haute-Occitanie" (Sehoc), principale entité de l'Aide sociale à l'enfance (ASE) et de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). En effet, plus de 270 de ses salariés se retrouvent sans rémunération, suite à un trou financier estimé à plus de 1,4 million d'euros d'ici la fin de l'année 2024, et potentiellement 2,5 millions selon certaines sources bien informées.
Fondée en 1956 à Montauban, cette association assure des placements de mineurs en familles d'accueil et en foyers spécialisés, couvrant plusieurs territoires dont le Tarn, le Lot et le Gers. Les répercussions sont alarmantes : ces professionnels, qui travaillent quotidiennement auprès de jeunes en grande précarité, se trouvent désormais dans une situation financière désastreuse.
Des alertes au fil des années
La Cour des comptes avait déjà mis en lumière des incongruités en 2019 concernant cette organisation. Le rapport soulignait des écarts problématiques dans la gestion des finances, notamment entre les départements du Lot et du Tarn-et-Garonne, avec un déséquilibre de 260 000 euros. Mais, en l'espace de quelques années, la situation a considérablement empiré. Comme l'indique Le Monde, de nombreux employés expriment leur inquiétude face à une direction jugée défaillante.
Un audit engagé par le CSE de l’association a révélé des dysfonctionnements majeurs dans la gestion financière. Un membre du personnel a déclaré : "Il est évident que l'argent public doit être géré de manière rigoureuse, mais force est de constater que nos financeurs ne semblent pas alertes sur la situation actuelle." De plus, il apparaît que certaines mesures de contrôle des finances n'ont pas été suivies, aggravant encore la crise.
Une situation inédite pour les employés
En cette période de crise, certains salariés évoquent également des pratiques illégales, notamment en matière de formation. "Nous avons des attestations falsifiées pour des formations que nous n'avons jamais suivies", a rapporté un travailleur, mettant en cause la transparence de la gestion interne.
Pour certains observateurs, la situation a pris une tournure inquiétante, poussant le comité de direction à envisager une saisine du tribunal judiciaire pour entamer une procédure de sauvegarde. Cela pourrait permettre d'assurer une continuité dans les services, même si la menace d'une éventuelle liquidation judiciaire n'est pas écartée.
La CGT 82, qui suit de près cette affaire, insiste sur le caractère indispensable de la protection de l’enfance, qui ne peut pas être interrompue brutalement.
Réactions des acteurs du secteur
Le préfet de Tarn-et-Garonne, Vincent Roberti, a récemment organisé une réunion avec les acteurs clés pour tenter de trouver des solutions. "Il est impératif que nous nous unissions pour résoudre cette crise", a-t-il déclaré. En parallèle, le conseil départemental, longtemps silencieux, a finalement accepté d'entendre des représentants des salariés, soucieux de la continuité des services de protection de la jeunesse.
Ce contexte alarmant soulève des questions sur la pérennité des missions de l'association. Les enjeux financiers, présentés dans les rapports de la Cour des comptes et des audits internes, mettent en lumière la nécessité d'une réforme structurelle immédiate.
Il reste à espérer que des solutions viables soient trouvées rapidement, afin que les salariés puissent à nouveau percevoir leur salaire et que les jeunes en danger reçoivent l'aide dont ils ont besoin.







