Sur les réseaux sociaux, de plus en plus de créateurs culinaires, comme Chloée Mussler (@lapetitechefmumu), partagent des alternatives végétales aux classiques plats de fêtes. Avec une vidéo d'une rillette végétale qui a dépassé les 1,6 million de vues, elle a également récolté son lot de commentaires hostiles, reflétant un ressentiment croissant envers toute tentative de modifier les traditions culinaires françaises. 'Vive la viande,' 'Pourquoi les vegans font des trucs qui ressemblent à de la viande ?' sont des exemples de réactions rencontrées régulièrement.
Une autre créatrice, ayant plus de 400 000 abonnés, évoque des menaces reçues après avoir proposé une recette d'escargots sans escargots, soulignant ainsi la violence des critiques qui peuvent rapidement aller au-delà de simples commentaires désobligeants. Pour celles qui s'aventurent à reconfigurer des plats traditionnels, comme les faux-gras ou le bœuf Wellington végétal, les réactions masculines sont particulièrement intenses, un phénomène que Melani Sancery-Gay (@melanie_en_veganie) attribue à des stéréotypes profondément ancrés concernant la virilité et le régime alimentaire.
Selon Alexandra Hondermarck, sociologue à Sciences Po, ces tensions ne sont pas nouvelles. Elles remontent à des siècles, lorsque la viande est devenue la norme dans l'alimentation française au 19e siècle. Elle affirme que critiquer le végétarisme, c'est souvent un moyen de défendre une norme culturelle qui a été construite depuis longtemps autour de la viande. En France, cette résistance à l'alimentation végétale perdure, alimentée par le sentiment d'atteinte à la culture gastronomique.
Le débat autour de l'alimentation végétale touche également des questions de classe et de genre. Un sondage IFOP réalisé en 2022 soulignait que plus d'un Français sur deux associe la consommation de viande rouge à la virilité. Hondermarck note que défendre un régime carnivore est souvent perçu comme un moyen d'affirmer une position sociale, et cette dynamique se transpose également dans le monde numérique, où les créateurs de contenus végétaux se retrouvent souvent en première ligne de tensions socioculturelles.
La pression sociale et le cyberharcèlement se manifestent fréquemment de manière personnelle, attaquant non seulement les recettes mais aussi le physique des créateurs. 'On me dit souvent que j'ai l'air fatiguée ou que j'ai une tête de carencée', confie une influenceuse, illustrant la façon dont ces commentaires peuvent affecter la santé mentale des personnes qui souhaitent simplement partager leur passion pour la cuisine végétale. Malgré ces défis, de nombreux créateurs choisissent de transformer la négativité en opportunité, adaptant leur contenu pour susciter discussions et engagement, prouvant ainsi que les tendances durables peuvent également se frayer un chemin à travers les controverses.







