Le 10 décembre, Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, a été auditionnée par la Commission d'enquête parlementaire sur l'audiovisuel public, un événement qui a duré plus de quatre heures. Sous l'œil critique des députés, elle a eu à défendre son organisme, accusé par certains d'un manque de neutralité dans ses informations. "France Télévisions est un média financé par tous. Il doit donc s'adresser à tous", a-t-elle affirmé, soulignant l'importance de l'objectivité dans le service public.
Les accusations ont fusé, notamment de la part de députés proches d'Éric Ciotti et du Rassemblement National. Anne Sicard, députée RN, a lancé une critique cinglante : "Qui trompe les Français ? CNews qui assume ses opinions ou France Télévisions qui diffuse une information biaisée ?" À cela, Ernotte a rétorqué que la mission de France Télévisions diffère de celle de chaînes comme CNews, arguant que l'information doit rester distincte de l'opinion.
Finances sous le feu des projecteurs
Les discussions ont également porté sur les finances de France Télévisions. Le député Charles Alloncle a exprimé son inquiétude : "La situation financière est devenue insoutenable." Ernotte a cependant contre-attaqué en précisant que l'entreprise coûtait désormais 500 millions d'euros de moins aux contribuables qu'il y a dix ans, en tenant compte de l'inflation.
Elle a par ailleurs abordé des cas controversés, comme un débat sur la transformation de Gaza en zone touristique, qui a entraîné des conséquences significatives, notamment un changement de direction à franceinfo. "Les erreurs commises lors des émissions sont prises très au sérieux et nous nous en excusons", a-t-elle déclaré.
Il a aussi été révélé qu'en 2020, pendant la crise sanitaire, France Télévisions a investi 1,5 million d'euros en dépenses de restauration, ce qu'elle a justifié par la fermeture des cantines, suggérant une large compréhension des défis logistiques.
Cette audition, bien que généralement cordiale, a connu des moments de tension. Le rapporteur a fait preuve d'insistance, utilisant les réactions sur les réseaux sociaux comme levier de questionnement, ce qui a suscité un rappel à l'ordre du président de la Commission.
À l'issue de cette séance, la présidente de Radio France, Sibyle Veil, doit également être entendue la semaine prochaine, marquant ainsi une période charnière pour l'audiovisuel public en France. Les préoccupations soulevées durant cette audition n’en sont qu’un reflet d'un débat plus large autour de la confiance du public envers les médias financés par l'État et de leur indépendance.







