Face à une pression politique constante, les États membres de l'Union européenne se réunissent ce lundi 8 décembre à Bruxelles pour discuter d'un renforcement significatif de leur stratégie migratoire. Les ministres de l'Intérieur sont appelés à approuver le controversé concept des "hubs de retour" pour les migrants, un dispositif visant à gérer plus efficacement les demandes d'asile rejetées.
Malgré une diminution d'environ 20 % des arrivées par rapport à l'année précédente, les responsables politiques européens estiment nécessaire d'apporter des réponses tangibles. Magnus Brunner, le commissaire européen en charge du dossier, a souligné l'importance de rassurer les citoyens quant à la maîtrise de la situation migratoire.
Un projet en trois volets
Lors de cette réunion, trois propositions phares élaborées par la Commission européenne devraient être examinées. La plus controversée concerne l'établissement de centres situés en dehors de l'Europe pour accueillir les migrants dont la demande d'asile a été refusée. Les deux autres mesures prévoient des sanctions accrues pour les migrants qui ne respectent pas les obligations de quitter le territoire et la possibilité de renvoyer certains d'entre eux vers des pays jugés "sûrs", même s'ils n'en sont pas originaires.
Le Danemark, qui assure actuellement la présidence tournante de l'UE, défend avec force ces initiatives. Néanmoins, certains pays comme la France et l'Espagne expriment des réserves, s'interrogeant sur l'efficacité et la légalité de ces mesures. Des responsables espagnols ont même noté que les hubs de retour, déjà testés par d'autres pays, n'ont pas obtenu de résultats concluants.
La question de l'asile en débat
Parallèlement aux hubs de retour, les ministres de l'Intérieur discuteront d'un nouveau système de répartition des demandeurs d'asile pour alléger la pression sur les pays en première ligne, tels que la Grèce et l'Italie. Ce mécanisme obligerait les États membres à accueillir un certain nombre de demandeurs, sous peine de devoir verser une compensation financière de 20 000 euros par demandeur non accueilli.
Malgré ces intentions, le consensus sur l'application pratique de cette répartition s'avère complexe. Des pays comme la Belgique, la Suède et l'Autriche ont déjà exprimé leur réticence face à un tel engagement. Une décision finale concernant plusieurs milliers de relocalisations pourrait être atteinte d'ici la fin de l'année, mais le chemin vers un accord solide reste semé d'embûches.
Expert en politique migratoire, le professeur Alain de Vries a déclaré à France 24 : "L'UE est à un tournant. Si ces mesures sont adoptées, elles pourraient radicaliser encore plus les positions des pays réticents, tout en renforçant la perception d'une Union inefficace sur le plan humanitaire."







