A l'approche d'un scrutin décisif, Olivier Faure, le leader du Parti socialiste (PS), a exhorté ses députés à voter en faveur du projet de budget de la Sécurité sociale. Ce texte essentiel, qui pourrait être rejeté en raison de l'opposition des partis Les Républicains (LR) et Horizons, est menacé de non-adhésion.
Dans une interview accordée à BFMTV/RMC, Faure a indiqué qu'il plaiderait pour un vote positif lors de la réunion de ses 69 députés. Il a soutenu que le Premier ministre Sébastien Lecornu a fait preuve de fiabilité dans ses engagements, notamment en ce qui concerne la suspension de la réforme des retraites. Faure a ajouté avoir obtenu des avancées significatives, notamment la levée du gel des pensions et des prestations.
Le rejet du texte entraînerait, selon les avertissements du gouvernement, un déficit catastrophique pour la Sécurité sociale, avec une estimation de 30 milliards d'euros de déficit en 2026, par rapport à 23 milliards en 2025.
Lecornu, qui a choisi de ne pas recourir à l'article 49.3 pour faire adopter le texte sans vote, pourrait envisager de se retirer s'il ne parvient pas à rassembler le soutien nécessaire. En attendant, la porte-parole du gouvernement, Maud Brégeon, a affirmé qu'une démission ne se justifierait pas en l'absence de censure.
Le soutien du PS est crucial face aux refus des dirigeants des LR, Bruno Retailleau, et d'Horizons, Édouard Philippe, qui jugent que Lecornu a cédé trop de terrain aux socialistes. Faure, en retour, les a qualifiés d"ingénieurs du chaos," soulignant le risque que leur position représente pour le système de protection sociale.
Le vote prend des allures de véritable test d'alliance : le bloc en faveur de la proposition, composé des députés Renaissance, MoDem et PS, pourrait totaliser environ 196 voix, tandis que les opposants, principalement de LFI et du RN-UDR, comptent 210 voix. Les voix d'autres groupes, notamment des écologistes et des communistes, pourraient s'avérer déterminantes.
En prévision d'un vote favorable, le gouvernement propose d'augmenter l'objectif des dépenses de l'assurance maladie de 2 à 3 %. Cyrielle Chatelain, la présidente des députés écologistes, a mentionné que l'adoption de cet amendement influencerait leur décision sur l'ensemble du texte.
Les tensions accrues dans le paysage politique français ne sont pas passées inaperçues. Manuel Bompard, coordinateur national de LFI, a dénoncé le soutien du PS à un budget qu'il considère comme un coup dur pour la santé publique et a critiqué le changement d'alliance. Faure a répondu en qualifiant de trahison le vote contre la suspension de la réforme des retraites.
Ce moment est également un tournant pour la politique parlementaire française. Gabriel Attal, président du groupe Renaissance, a exprimé son enthousiasme face aux compromis réalisés, soulignant que le public est fatigué du débat incessant autour du budget. Faure a aussi mis en garde contre un sentiment d'antiparlementarisme, notant que les députés ont plus de pouvoir que jamais.
Enfin, même si un vote positif est obtenu mardi, le chemin sera encore long. Le projet de budget de la Sécurité sociale devra passer par une nouvelle discussion au Sénat avant son adoption définitive, et le projet de budget de l'État, plus controversé, est toujours en cours d'examen.







