Un audit récemment publié par la Chambre régionale des comptes (CRC) de la Gironde jette un éclairage préoccupant sur les pratiques budgétaires du département, qui fait face à un déficit historique de 101 millions d'euros prévu pour 2025. Selon cette analyse, le Département a mené une politique financière "risquée" en s'appuyant sur des revenus fluctuants issus des droits de mutation sur les transactions immobilières, sans anticiper leur possible chute. Ce retournement brutal en 2023 a sérieusement fragilisé les finances locales.
Entre 2019 et 2024, la Gironde a accru ses charges de fonctionnement de 4 % par an, alors qu'elle n'a mis en réserve qu'une fraction des sommes reçues pendant les jours fastes. En comparaison, la Haute-Garonne, en adoptant une approche prudente, a constitué une provision de 170 millions d'euros, tandis que la Gironde n'en a réservé que 10 millions.
Le rapport, rendu public le 15 décembre, a émis 23 recommandations visant à améliorer la gestion budgétaire de la collectivité. Les magistrats soulignent également un manque de transparence dans le suivi des dépenses et l'organisation, évoquant des décalages de paiements et un suivi du patrimoine immobilier jugé insuffisant.
Les experts, tels que ceux du quotidien *Le Monde*, partagent leurs préoccupations : "La Gironde doit impérativement adopter une vision stratégique qui dépasse simplement les mesures d’urgence," affirment-ils. Ils critiquent également l’ambitieux plan collégial qui a entraîné des coûts prévisionnels dépassant les 700 millions d'euros, avec des prévisions démographiques non vérifiées.
En parallèle, la CRC a enregistré une augmentation significative des effectifs du personnel, avec 968 nouveaux postes créés dans les services de solidarités, bien que cela demeure dans la moyenne des collectivités de taille comparable. Il est cependant à noter que le parc automobile du Département a considérablement augmenté, passant de 440 à 682 véhicules en dix ans.
Le Département indique qu'il s'engage à corriger le tir avec la création d'une Inspection générale des services, visant à instaurer une culture de contrôle plus rigoureuse. Cependant, la CRC souligne que les efforts semblent tarder à produire leurs effets, notant que le comité des risques, censé superviser cette direction, ne s’est plus réuni depuis fin 2023.
Avec une telle dynamique en cours, la nécessité d’une évaluation robuste de ses politiques demeure essentielle pour garantir un avenir financier plus sain pour la Gironde. Il est impératif que les responsables adoptent une approche proactive, afin d’éviter une crise encore plus profonde.







