Pretoria (AFP) – Des milliers de descendants des premiers colons européens d'Afrique du Sud, les Afrikaners, se rassemblent près de Pretoria pour célébrer le Jour du serment, un événement emblématique dont les résonances politiques contemporaines évoquent des parallèles frappants avec les États-Unis, notamment avec le mouvement MAGA de Donald Trump.
Un orateur enthousiaste a annoncé que 37 000 personnes s’étaient réunies au monument des Voortrekkers, dominant le paysage de la capitale sud-africaine. Au sein de cette foule, la tenue traditionnelle des Voortrekkers, mêlant chemises en tissus kaki et robes représentant un héritage culturel spécifique, attire l'œil. Johan Reid, un jeune mécanicien de 24 ans, participait pour la première fois à cet événement. Il a souligné que la reconnaissance de leur langue et de leur culture est essentielle, surtout dans le climat politique actuel.
« C'est difficile d'être Afrikaner aujourd'hui, surtout avec les propos de Donald Trump », a-t-il ajouté, faisant référence au président américain qui s'est récemment prononcé sur les violences ciblant les agriculteurs blancs en Afrique du Sud. Son vice-président, JD Vance, devait d'ailleurs visiter le site lors d'un récent sommet du G20, mais Trump a boycotté l'événement, plaidant pour la cause des Afrikaners.
Une histoire marquée par des luttes et des mythes fondateurs
Le monument des Voortrekkers, construit pour commémorer la migration des colons afrikaanophones au XIXe siècle, partage des similitudes avec le concept de « Destinée manifeste » américaine, un idéal justifiant l'expansion territoriale. Cette date est marquée par la bataille de Blood River, où les Afrikaners ont célébré une victoire contre les Zoulous en 1838. Rudolf Brits, un retraité de 61 ans, raconte : « Nous avons fait un serment à Dieu de commémorer ce jour si précieux pour nous. »
Bien que ce jour demeure férié en Afrique du Sud, il a été rebaptisé « Jour de la réconciliation » en 1995, après la fin de l'apartheid. Laura Mitchell, experte en histoire à l’Université de Californie à Irvine, note les échos entre le « Grand Trek » et la « Destinée manifeste », toutes deux légitimant des revendications territoriales sur des terres peuplées, illustrant un sentiment racial exacerbé.
Des résonances dans le monde contemporain
Ce rassemblement fait écho à des mouvements similaires sur la scène mondiale, avec une montée de nationalismes blancs. Joel Cabrita, directrice du Centre des études africaines à Stanford, évoque une idéologie où les populations blanches se considèrent victimes d’une menace. Cela trouve un écho particulièrement fort dans le discours de Trump, où la victimisation des Blancs est souvent mise en avant.
Les atrocités passées en ex-Rhodésie et au Congo belge rappellent que ces peurs ne sont pas nouvelles. Johan Reid en rajoute en mentionnant les meurtres de fermiers en Afrique du Sud, tandis que des statistiques récentes indiquent une réalité où les homicides sont globalement plus élevés, sans distinction raciale significative. Les chiffres, rapportés par le Bureau des statistiques criminelles d'Afrique du Sud, montrent que les meurtres de fermiers ne constituent qu'une fraction des crimes.
Pour Laura Mitchell, cette perpétuation de la peur chez des groupes réactionnaires rappelle les temps de l'apartheid, où l'idéologie du « danger noir » alimentait des injustices. « La peur dépasse souvent la réalité des risques », conclut-elle, soulignant l'importance de questionner ces récits pour une compréhension plus nuancée de l'histoire et du présent.







