Lors d'une récente interview, Donald Trump a affirmé que la victoire de la Russie en Ukraine semblait désormais inéluctable et a suggéré au président ukrainien, Volodymyr Zelensky, d'accepter rapidement un plan de paix américain. Cependant, cette analyse se heurte à une réalité très différente observée sur le terrain.
Pour Trump, il est évident que la Russie est en train de prendre le dessus dans ce conflit. Il a exprimé son irritation envers Zelensky tout en soutenant que « la taille fait souvent la force », une référence à la vaste superficie de la Russie par rapport à l’Ukraine et à son armée bien plus imposante. Toutefois, selon des experts militaires, cette vision ne correspond pas tout à fait à la situation actuelle.
Will Kingston-Cox, spécialiste du conflit à l’ITSS Verona, rappelle que bien que les troupes russes aient effectivement avancé, leur progression est loin d'être aussi écrasante que ce que Trump laisse entendre. « En un an, la Russie n'a gagné qu'à peine un pour cent de territoire », souligne-t-il. De même, des études de l’Institut for the Study of War (ISW) montrent que les avancées russes représentent seulement 0,77 % de territoire supplémentaire en 2025, malgré d’énormes pertes humaines, évaluées à 391 270 soldats russes, d'après l'état-major ukrainien.
Huseyn Aliyev, un universitaire de Glasgow, note également que la « victoire » russe se traduit par de lourdes pertes et que les gains territoriaux, bien que présents, sont loin d'être décisifs. Même dans les régions stratégiques comme le Donbass, des combats acharnés se poursuivent, et la capture de villes essentielles comme Kramatorsk et Sloviansk semble encore très incertaine.
En parlant de Pokrovsk, une ville récemment convoitée, Kingston-Cox mentionne son importance symbolique, mais souligne également que l'armée ukrainienne a su adapter ses lignes d’approvisionnement pour compenser cette perte. Ainsi, même si la Russie parvient à prendre certaines villes, cela ne garantit pas une avancée significative dans le cadre du conflit global.
Quant aux ressources humaines, bien que la Russie puisse théoriquement mobiliser davantage de troupes et d'armements, Aliyev fait remarquer que l’Ukraine est également parvenue à développer des capacités en matière de drones, qui jouent un rôle croissant dans ce conflit. « Il serait erroné de penser que la Russie a tous les atouts en main », conclut-il.
Les propos de Trump reflètent peut-être une vision simpliste des réalités complexes du terrain. En tant que futur candidat à la présidence, ses déclarations pourraient être interprétées comme une tentative de gagner du soutien, mais il est impératif de faire la distinction entre perception et réalité.







