Uvira, ville stratégique de l'est de la République Démocratique du Congo (RDC), fait face à un exode massif alors que l'armée du M23, soutenue par le Rwanda, avance rapidement vers ses faubourgs. Les habitants, pris de panique, fuient vers le Burundi, cherchant à échapper à la violence qui secoue la région.
Ce regain de tensions survient moins d’un an après que le M23 ait pris le contrôle des principales villes de Goma et Bukavu, marquant une intensification des conflits qui minent l'est de la RDC depuis trois décennies. L'instabilité s’est accentuée après la récente signature d’un accord de paix à Washington entre Kinshasa et Kigali, qui était censé ramener la sécurité dans la région. Cependant, cet accord semble désormais compromis.
Selon des sources militaires et sécuritaires, le M23 et les troupes rwandaises, estimées entre 6 000 et 7 000 hommes, se trouvent maintenant à une quinzaine de kilomètres d'Uvira. La ville, peuplée de centaines de milliers d'habitants, commence à ressentir l'angoisse : "C'est l'évacuation générale ici, tout le monde se cache," témoigne un résident par téléphone.
Depuis le début des hostilités, plus de 30 000 Congolais ont franchi la frontière pour se réfugier au Burundi, où les conditions de vie sont difficiles, rapportent des responsables locaux. "Ils manquent de nourriture et de soins médicaux. La situation est critique," souligne un dirigeant burundais.
Les bombardements incessants sur Uvira, témoins d’un conflit en pleine escalade, incitent les derniers habitants à fuir. Les autorités militaires congolaises semblent débordées, avec des soldats abandonnant leurs postes et fuyant vers le sud. “C’est chaotique, il n’y a plus de commandement ici. Uvira court à sa perte,” affirme un officier contacté par l’AFP. Des témoignages rapportent même des scènes de pillage dans la ville, accentuant le désespoir des habitants.
La situation devient encore plus complexe alors que les tensions s'intensifient jusqu'au Burundi, qui voit d'un mauvais œil l’expansion du M23 à proximité de ses frontières. La prise d'Uvira pourrait isoler totalement le pays du reste de la RDC, une perspective jugée alarmante par des experts. À ce propos, le président burundais Evariste Ndayishimiye a déjà exprimé sa crainte que ce conflit ne dégénère en guerre régionale, rejoignant ainsi les inquiétudes exprimées par l'ONU.
Des rapports récents indiquent que les troupes burundaises, désormais au nombre de 18 000, se positionnent pour soutenir les forces congolaises. Toutefois, la détermination des groupes armés comme le M23, semble difficile à contenir. “Nous sommes inquiets de l’ampleur de l’escalade. L’armée congolaise est mal équipée face à cette menace,” ajoute un expert en sécurité de la région.
La situation à Uvira demeure donc alarmante, et le sort de ses habitants reste incertain alors que le monde regarde, inquiet mais impuissant.







