Cestas (France) (AFP) – La Coordination rurale a annoncé, ce vendredi, la levée de plusieurs barrages autoroutiers dans le Sud-Ouest de la France, suite à une mobilisation intense. Cependant, les agriculteurs affirment qu'ils se prépareront à un retour en force en janvier.
Après douze jours de manifestations, la section girondine du syndicat a exprimé, dans un communiqué, son soulagement de dégager le camp de Cestas, au sud de Bordeaux. Ils dénoncent le "silence" et le "mépris" dont ils se sentent victimes de la part du gouvernement face à la gestion de l'épizootie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC), qui a récemment touché plusieurs troupeaux de bovins.
Les responsables des Pyrénées-Atlantiques ont également confirmé la remise en circulation de l'A64 à Briscous, près de Bayonne. La tension a été exacerbé par l'abattage, début décembre, d'un troupeau de 200 vaches dans l’Ariège, où le premier cas de DNC a été identifié. Bien que cette maladie ne soit pas transmissible à l'homme, la gestion de cette crise par les autorités a choqué les éleveurs, entraînant des blocages routiers.
Le gouvernement demeure inactif
Les opérations de police visant à procéder à l'abattage des animaux ont suscité l'indignation parmi les agriculteurs, qui ont intensifié leurs actions de protestation depuis le 12 décembre. Lors de récentes réunions avec le gouvernement à Matignon et à l'Elysée, il leur a été confirmé que le "protocole" de la DNC ne serait pas revu. Les agriculteurs expriment leur frustration face à un gouvernement « sourd », déplore Jean-Paul Ayres, représentant de la Coordination rurale en Gironde, ajoutant que des demandes pour mettre fin à l’abattage systématique d’un troupeau touché sont restées sans réponse.
"Le combat va continuer à partir du 5 janvier," a averti Ayres, tandis que Benjamin Loste, coprésident de la CR64, a indiqué que les blocages avaient déjà conduit à des avancées notables, telles que des indemnisations améliorées et la création d’une banque de génisses pour réapprovisionner les cheptels affectés.
José Pérez, un porte-parole influent du syndicat, a même menacé de se rendre à Paris avec 1 000 tracteurs. Leurs revendications incluent un moratoire de dix ans sur certaines réglementations perçues comme nuisibles à l’agriculture française, ainsi que des contestations de l’accord avec Mercosur, dont la signature pourrait être programmée pour le 12 janvier.
Entre soulagement et fatigue
Les agriculteurs, après des week-ends passés sur les routes, expriment un certain soulagement à défaire leurs installations. Xavier Youx, vice-président de la CR33, a partagé son sentiment d’épuisement après ces deux semaines de mobilisation : "Nous avons des fermes à gérer, des animaux à nourrir chaque jour, c’est un cycle ininterrompu," a-t-il déclaré.
Le nettoyage de l'A63, la portion routière reliant Bordeaux au Bassin d'Arcachon et à l'Espagne, est en cours, avec un retour à la circulation prévu de manière progressive. Simultanément, ailleurs en France, certains agriculteurs maintiennent leurs blocages, comme sur l'A75, où les manifestations se sont intensifiées. "Nous étions unis et nous continuerons à lutter pour défendre nos droits," a ajouté Eloi Nespoulous, coprésident de la Coordination rurale de l'Aveyron.
Les revendications des agriculteurs ont suscité un large soutien de la part de l'opinion publique, qui commence à percevoir l'urgence de la situation dans le secteur agricole en France, un secteur déjà éprouvé par divers défis économiques et environnementaux. La mobilisation pourrait s’intensifier dans les prochaines semaines, marquant une période critique pour l'avenir de l'agriculture française.







