Les AESH : un métier essentiel mais trop souvent méprisé

Des milliers d'enfants attendent l'aide des AESH, un métier crucial mais sous-estimé.
Les AESH : un métier essentiel mais trop souvent méprisé
Un enfant autiste suit un cours dispensé par un accompagnateur scolaire pour élèves handicapés (AESH), à Cenon (Gironde), le 2 septembre 2022 © Philippe LOPEZ / AFP/Archives

Marseille (AFP) – Sans les Accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH), l'école inclusive serait un rêve inaccessibile. Majoritairement féminines, ces professionnelles jouent un rôle fondamental mais sont confrontées à une précarité inquiétante et à un manque de reconnaissance. Des centaines d'enfants en situation de handicap se retrouvent ainsi sans accompagnement spécialisé.

Sheynesse Tani, 33 ans, AESH dans le 15e arrondissement de Marseille, évoque sa vocation avec passion : "Notre rôle consiste à instaurer un cadre propice à l'apprentissage, ce qui crée un lien profondément enrichissant avec l'élève." Malgré la loi de 2005 garantissant l'intégration scolaire des enfants handicapés, près de 49 000 d'entre eux demeurent en attente de soutien, dont plus de 7 500 dans l'académie d'Aix-Marseille, l'une des moins bien pourvues dans ce domaine.

Pour Sheynesse, ce travail est à la fois magnifique et éreintant. "Je me souviens de mes débuts, où je devais gérer un enfant qui crisait en frappant. Mon salaire mensuel de 698 euros me semblait dérisoire face à ces défis", confie-t-elle.

La précarité en première ligne

Frédéric Grimaud, chercheur et professeur des écoles, souligne l'expertise des AESH et leur déconsidération : "Elles minimisent les crises des élèves, mais restent dans l'ombre. Leur situation est d'une précarité alarmante, souvent en temps partiel contraint, et peu nombreuses par rapport aux besoins actuels." Selon son étude impliquant plus de 2 600 AESH, la majorité d'entre elles sont des femmes de plus de 50 ans, dont beaucoup se trouvent éloignées du marché du travail.

Leur formation est également insuffisante : en seulement 60 heures, elles reçoivent une formation inadéquate pour gérer toutes les situations qu'elles rencontrent. Sabine Savelli, une autre AESH de Marseille, regrette d'être souvent perçue comme invisible. "Nous sommes jetées dans des classes sans réelle préparation. Nous apprenons sur le tas à adapter les consignes pour des enfants non-verbaux ou à gérer leur fatigue et leurs émotions", explique-t-elle.

Manque de reconnaissance

Dans les écoles, les AESH n'ont pas de statut officiel. Elles ne sont ni enseignantes ni personnel municipal, ce qui contribue à leur invisibilité. "Sans elles, l'équilibre pédagogique explose. Pourtant, elles sont souvent considérées comme inférieures", déclare une professeure rencontrée lors d'une manifestation. Leurs conditions de travail sont d'autant plus difficiles qu'il y a un manque de personnel. « Gérer plusieurs enfants aux besoins très différents, c'est un défi quotidien », regrette Sabine Savelli.

Malgré un taux d'accompagnement de 92% fin octobre annoncé par le rectorat, cela ne reflète pas la réalité sur le terrain. Souvent, les enfants partagent leur AESH, ce qui diminue leur temps de suivi. Frédéric Grimaud conclut que la situation nécessite une prise de conscience collective : « Les parents sont souvent conseillés de ne pas envoyer leurs enfants à l'école les jours où ils n'ont pas d'AESH désigné. »

Alors que la reconnaissance de l'importance des AESH est cruciale pour l'avenir de l'école inclusive, leur situation nécessite des améliorations significatives, tant au niveau des conditions de travail que de la formation.

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