La Paz (AFP) – Luis Arce, ancien président de la Bolivie, a été arrêté ce mercredi à La Paz alors qu'il est soupçonné d'implication dans une affaire de corruption qui remonte à son époque de ministre de l'Économie sous le gouvernement d'Evo Morales, de 2006 à 2019.
Âgé de 62 ans, Luis Arce a quitté le pouvoir le 8 novembre après près de vingt ans de gouvernements socialistes en Bolivie. Son prédécesseur, Evo Morales, se trouve actuellement en fuite en Argentine, poursuivi par un mandat d'arrêt lié à une affaire de traite de mineure, qu'il conteste vigoureusement.
Selon des sources judiciaires, Arce doit faire face à des accusations de "manquement aux devoirs" et de "conduite anti-économique". Le vice-président Edmand Lara a salué l'arrestation d'Arce, soulignant qu'elle était le résultat d'une enquête menée par la division anticorruption du pays.
Les allégations portent sur des transferts de fonds publics vers des comptes personnels de dirigeants paysans. Ces pratiques auraient eu lieu dans le cadre du Fonds public pour le développement des peuples indigènes originaires (Fondioc) durant la dernière décennie. Parmi les bénéficiaires figure Lidia Patty, une ancienne députée de gauche, qui a récemment été arrêtée et a affirmé que ces transferts avaient reçu l'approbation du ministre de l'Économie de l'époque.
Edmand Lara a déclaré : "Nous l'avions dit : Luis Arce sera le premier à aller en prison. Tous ceux qui ont volé cette patrie rendront jusqu'au dernier centime." Maria Nela Prada, ancienne ministre sous le gouvernement d'Arce, a quant à elle exprimé son désarroi : "Il était seul. Ils l'ont fait monter dans un minibus aux vitres teintées", a-t-elle affirmé.
D'importantes interrogations subsistent autour du cadre juridique de l'arrestation, notamment en ce qui concerne la procédure de notification, que Maria Nela Prada a critiquée. La législation bolivienne impose en effet aux autorités exécutives sortantes une interdiction de sortie du territoire d'une durée de 90 jours.
Depuis l'arrivée au pouvoir du président de droite Rodrigo Paz, les accusations de mauvaise gestion font rage, l'ancien gouvernement socialiste étant vilipendé pour avoir laissé un pays en crise. De plus, le gouvernement actuel a lancé des audits au sein des entreprises publiques et a récemment inculpé plusieurs anciens dirigeants de la compagnie pétrolière d'État YPFB pour des actes de corruption.
La Bolivie traverse sa pire crise économique depuis quarante ans, exacerbée par une pénurie de dollars, ce qui a conduit à des tensions sociales croissantes et des appels à la justice économique dans le pays. Des experts, comme le politologue bolivien Carlos Téllez, estiment que cette arrestation pourrait avoir des répercussions significatives sur la stabilité politique du pays et sur les relations entre les différentes factions politiques.







