La réalisatrice Tamara Stepanyan s'immerge avec force et émotion dans les souvenirs tumultueux de son pays natal, l'Arménie, à travers son premier long-métrage intitulé Le Pays d'Arto. Ce film, prévu en salles le 31 janvier 2025, se pose la question fondamentale : « Peut-on sauver les morts ? »
Nous plongeons en 2021, peu après la défaite de l'Arménie dans la guerre qui l'oppose à l'Azerbaïdjan en novembre 2020. Céline, une Française interprétée avec brio par Camille Cottin, se rend en Arménie, le pays d'origine de son mari Arto, qui s'est récemment suicidé. Dans un contexte où la mémoire collective est marquée par les conflits successifs depuis la chute de l'URSS, elle se met en quête du certificat de naissance de son époux. Mais ce qui semblait être une simple démarche administrative se transforme rapidement en un cauchemar bureaucratique : Arto n’a jamais existé, ou du moins pas sous ce nom.
Au fil de son parcours, Céline découvre un pays en ruines, hanté par les fantômes de ceux qui ont souffert. Elle s’aventure alors sur des chemins tortueux, suivant les échos d'une guerre passées et présents dans des paysages où le Haut-Karabakh devient le symbole d'un conflit toujours vif. La tension palpable dans le film témoigne d'une réalité où les cicatrices du passé et les incertitudes de l’avenir s'entremêlent. En impliquant des opinions d'experts, comme la sociologue Armine Avakian, qui affirme que « l'identité arménienne est toujours en jeu dans cette lutte pour la reconnaissance », le film invite à une introspection profonde.
Le Pays d'Arto promet de faire vibrer les cordes sensibles du spectateur, tout en interrogeant les notions d’existence et de mémoire. À travers ce drame intimiste, Tamara Stepanyan parvient à tisser un récit universel, où l'histoire personnelle de Céline résonne avec celle d'un peuple. Le film nous pousse à réfléchir sur ce que signifie être témoin d'une histoire aux strates multiples, et sur le passage inéluctable du temps qui, malgré tout, laisse des traces indélébiles.







