Le 11 décembre, Amnesty International a enfin reconnu, dans un rapport tant attendu, les crimes contre l'humanité commis par le Hamas lors des attaques du 7 octobre. Pendant ce temps, une tragédie a frappé l'Australie, où deux islamistes ont ouvert le feu sur des célébrations de Hanouka, causant la mort d'au moins quinze personnes.
Il a fallu plus de deux ans à l'organisation de défense des droits de l’homme pour affirmer ce que beaucoup savaient déjà : l'attaque du 7 octobre n'était pas un acte de violence aléatoire, mais une offensive délibérée contre des civils, comportant un lourd bilan de décès, d'abus et de kidnappings. Ce qui manquait, ce n'était pas l'évidence des faits, mais le courage de les nommer.
Cette lenteur à reconnaître les crimes est symptomatique d'un monde qui hésite à dénoncer certains abus pour des raisons politiques, soulignant une aversion à déranger l'ordre moral établi. Ce dimanche à Sydney, une plage paisible, illuminée par des bougies, a été le théâtre d'une violence inacceptable. Les attentats, bien que différents de ceux du 7 octobre en termes d'échelle, poursuivent la même logique de ciblage basé sur l'identité.(Le Monde)
La distinction n'est pas de nature, mais de degré ; ici comme là-bas, les attaques visent des individus, non pour leur comportement, mais pour leur appartenance ethnique ou religieuse. Raphael Lemkin avait déjà théorisé cela par le passé, affirmant que le véritable crime commence lorsque des groupes humains sont désignés comme indésirables. Ce qui importe n'est pas le nombre de victimes, mais les raisons qui justifient leur ciblage.
Le 7 octobre appartenait à cette dynamique dangereuse, et Sydney, de façon plus réduite et presque cynique, l'illustre à travers un nouvel acte de violence. Des experts s’accordent à dire que ces actes témoignent d'une continuité dans la radicalisation et l’intolérance qui affligent notre société. Comme l’a souligné le politologue Jean-Pierre Filiu, « l'antisémitisme moderne se nourrit de fantasmes géopolitiques, et ces attaques ne font que les exacerber. »
Les crimes contre l'humanité ne sont pas seulement des violations individuelles, comme l'affirme Hannah Arendt, mais des atteintes à l'humanité elle-même, niant à certains le droit d'appartenir au monde commun. Lorsqu'un groupe est attaqué pour son identité, en l'occurrence des juifs, dans un kibboutz en Israël ou sur une plage australienne, cela scelle un pacte avec l'oubli et l'indifférence.
Ce temporiser des mots mène à un affaiblissement des consciences. Les crimes ne sont pas niés, mais souvent différés, entourés de précautions langagières et de contextes politiquement acceptables. Cette attitude laxiste, qualifiée par certains de veulerie, se manifeste par une peur palpable d’aborder des vérités qui dérangent.







