Mashad (Iran) – Vendredi, Narges Mohammadi, récemment récompensée du prix Nobel de la paix 2023 pour son engagement contre l'oppression des femmes en Iran, a été arrêtée avec force durant une cérémonie en mémoire de Khosrow Alikordi, un avocat récemment décédé. Cette information a été confirmée par son comité de soutien ainsi que sa famille.
Les membres de sa fondation ont rapporté qu'elle avait été brutalement interpellée par les forces de sécurité, révélant les tensions croissantes autour des droits humains en Iran. Son avocate, Me Chirine Ardakani, ainsi que son mari, Taghi Rahmani, en exil à Paris, ont également confirmé cet événement sur les réseaux sociaux, soulignant qu'elle était présente à Mashad pour honorer la mémoire d'Alikordi.
Outre Mohammadi, au moins huit autres personnes ont été arrêtées, dont Sepideh Gholian, une militante respectée avec laquelle Mohammadi a déjà partagé des cellules de prison. À 53 ans, Mohammadi a déjà fait face à de multiples emprisonnements et condamnations en raison de son combat inébranlable pour les droits des femmes et la liberté d'expression.
Selon son frère Hamid Mohammadi, résidant à Oslo, des témoins ont rapporté qu'elle avait été agressée physiquement lors de son arrestation. "Elle a eu de nombreuses complications de santé après ses précédentes incarcérations", a-t-il déclaré, alertant sur la pression psychologique et physique qu'elle pourrait subir pendant sa détention.
Khosrow Alikordi, l'avocat décédé, avait connu des représailles pour sa défense des personnes impliquées dans les manifestations de 2022. Son décès a suscité des appels à une enquête, avec des organisations telles qu'Iran Human Rights, qui évoquent des soupçons de meurtre d'État.
En participant à ces manifestations, Narges Mohammadi s’est également révélée très influente dans la lutte consécutive à la mort de Mahsa Amini, jeune femme arrêtée par la police des mœurs pour non-respect du code vestimentaire iranien. Ce mouvement a défié les autorités et fait trembler les fondations du régime.
Les témoins présents à la cérémonie ont rapporté que des slogans tels que "Vive l'Iran" et "Mort au dictateur" retentissaient, illustrant l'esprit de résistance qui anime le peuple iranien. Des images diffusées par HRANA, une ONG basée aux États-Unis, montrent Mohammadi incitant les participants à se joindre à cette lutte, sans même porter le voile, un acte de défi face aux normes imposées.
Cette arrestation soulève des inquiétudes non seulement pour la sécurité de Mohammadi, mais aussi pour l’avenir des mouvements de défense des droits humains en Iran, déjà fragilisés par une répression systématique. Pour certains experts, cette situation illustre la nécessité d’une solidarité internationale accrue pour soutenir celles et ceux qui bravent le régime en place.







