Le conseil régional de discipline de la cour d’appel de Nîmes a prononcé une sanction de quatre mois de suspension, dont deux avec sursis, à l'encontre de l'avocate avignonnaise Nadia El Bouroumi. Cette décision fait suite à des allégations déposées par le bâtonnier de l’ordre des avocats d'Avignon, Maître Philippe Cano, le 13 décembre 2024. Les poursuites étaient motivées par deux vidéos publiées par El Bouroumi sur les réseaux sociaux pendant le procès pour viols de Mazan.
Sur l'une de ces vidéos, diffusée le 20 septembre 2024, elle apparaît en train de danser à l'intérieur de sa voiture, sur la mélodie entraînante de « Wake me up before you go go » du groupe Wham. L’autre vidéo, mise en ligne la veille, montre l'avocate commentant l’audience du jour, où elle évoque des éléments délicats liés au témoignage d’une victime : “Pfiouuuuu ! On a diffusé des photos de Madame qui sont effectivement dans des positions problématiques puisqu'elle affirmait ne jamais avoir participé à quoi que ce soit”.
Considérée comme l'une des figures montantes du barreau avignonnais, Nadia El Bouroumi a été reconnue coupable d’avoir manqué aux obligations déontologiques de dignité et de délicatesse. Toutefois, la cour l’a relaxée des poursuites concernant la vidéo de la veille. En tant que peine complémentaire, le conseil a imposé à l’avocate de ne pas siéger au Conseil de l’Ordre et au conseil national des Barreaux pour une durée de trois ans. De surcroît, elle devra suivre une formation de 20 heures en déontologie dans les deux années à venir.
En réponse à cette décision, El Bouroumi a déclaré son intention de faire appel, affirmant que sa présence sur les réseaux sociaux était une manière d’informer le public et non un acte de manque de respect. Des avocats et des experts en éthique du droit, consultés par France Info, soulignent l'importance de préserver la dignité de la profession, surtout dans des affaires aussi sensibles que celles liées à des viols. Philippe Cano, le bâtonnier, a précisé : “La responsabilité des avocats est d’autant plus grande dans des contextes de violences sexuelles que la voix de la justice doit être entendue avec sérieux et rigueur.”
Ce cas soulève des questions cruciales : jusqu’où le droit à la liberté d’expression des avocats peut-il aller sur les réseaux sociaux ? La décision du conseil régional pourrait donc avoir des répercussions significatives sur les pratiques des avocats à l’ère numérique.







