Le simit, symbole des rues turques face à la flambée des prix

Le simit, incontournable des rues d'Istanbul, devient un enjeu économique pour les Turcs.
Le simit, symbole des rues turques face à la flambée des prix
©Yasin AKGUL, AFP - Des simits, petits pains ronds turcs en forme d'anneau, le 27 décembre 2025 à Istanbul

Le simit, ce petit pain rond et doré, s'écoule dans les rues de Turquie avec la même aisance que les chats qui s'y prélassent. Mais aujourd'hui, son prix devient un témoin du temps : une flambée qui alimente les préoccupations des habitants.

Ce délice, garni de graines de sésame, est omniprésent à Istanbul dès l'aube, vendu dans des kiosques colorés ou par des marchands ambulants portant de majestueux plateaux. Traditionnellement, il constitue un petit-déjeuner prisé, mais face à l'inflation galopante, de nombreux Turcs le privilégient également pour leurs déjeuners, voire comme unique repas.

« 20 livres ! C’est insupportable », s'insurge Alp Ata Turkoglu, étudiant de 23 ans. Le simit, qui coûtait autrefois 3 livres, atteint désormais 20 livres, avec certaines variantes à 25 livres pour anticiper un relèvement tarifaire qui reste théorique. Le gouvernement fixe le prix du simit, à l'instar du salaire minimum, qui sera revalorisé de 27 % le 1er janvier prochain. Cependant, une récente étude de l’Institut de recherche économique révèle que l'inflation est, elle, de 31 %.

Davut Aydogan, un vendeur de simits à Karaköy, évoque avec amertume l'immoralité des hausses de prix : « Il suffit d'acheter un simit et un thé pour se retrouver à 600 tl. Les gens se contentent donc d'un simit pour vivre. »

À travers des réflexions piquantes, le quotidien Bir Gün rappelle une déclaration de Recep Tayyip Erdoğan lorsqu'il était encore candidat à la mairie d'Istanbul : il avait souligné qu'une famille de cinq personnes, se nourrissant exclusivement de simits et de thé, verrait ses dépenses dépasser le salaire minimum. Un calcul que le journal a réitéré aujourd'hui, constatant qu'une telle famille aurait besoin de 22.500 tl pour ses repas quotidiens.

« Qui paiera les charges ? » s'interrogeait Erdoğan, dénonçant un gouvernement qui laisse les citoyens en difficulté. Cette question reste d'actualité, alors que les coûts du logement et de l'éducation explosent. Can Deneri, un jeune au chômage, fait le même constat : « Même avec le loyer de 30.000 tl, on peine à joindre les deux bouts. »

Le président de la centrale syndicale Turk-Is, Ergun Atalay, n'hésite pas à qualifier le niveau du salaire minimum d'« inacceptable ». En 2024, près de 11,2 millions de travailleurs dépendent de ce salaire, augmentant ainsi les inquiétudes quant à la soutenabilité de l'économie turque.

Le ministre du Travail, Vedat Isikhan, défend la revalorisation, rejetant les critiques de l'opposition en les qualifiant de populistes. Bien que l'inflation qui atteignait 75 % au début de l'année soit maintenant sur une tendance à la baisse, des objectifs ambitieux restent à atteindre. Cevdet Yılmaz, vice-président, a promis de ramener l'inflation sous les 20 % d'ici fin 2026.

Face à tant d'incertitudes, le simit, symbole des temps passés, devient le talon d'Achille d'une population à l'affût d'un avenir meilleur.

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