Joseph Pronesti, président de la Banque alimentaire du Gard, alerte sur une situation préoccupante. Alors que le nombre de personnes ayant besoin d'aide continues d'exploser, les dons diminuent de manière inquiétante. Pour répondre à cette crise, Pronesti a récemment lancé un appel à de nouveaux bénévoles.
« Nous avons besoin d'au moins dix bénévoles supplémentaires, idéalement vingt, pour maintenir notre efficacité », indique le président. Actuellement, l'organisation compte 40 bénévoles actifs qui sont souvent contraints de travailler de manière intensive, beaucoup d'entre eux s'investissant jusqu'à trois fois par semaine pour compenser le manque d'effectif. Les rôles nécessaires vont des chauffeurs aux préparateurs de commandes, sans oublier ceux qui sont chargés de trouver de nouveaux donateurs.
Les répercussions de la pandémie ont été néfastes sur l'engagement bénévole. La majorité des personnes qui se montrent disponibles sont des retraités, un groupe qui se heurte aux exigences croissantes des formations en sécurité alimentaire et en gestion des risques. « Les horaires peuvent être difficiles, notamment le matin dès 6h30 pour la collecte », confie Pronesti.
La Banque a enregistré un nombre grandissant de bénéficiaires, atteignant 45 000 l'année dernière grâce à 87 associations partenaires. Des initiatives locales comme celle de « Table ouverte » à Nîmes nourrissent jusqu'à 400 familles chaque semaine. La situation semble se détériorer, car les estimations pour 2025 annoncent des chiffres encore plus alarmants, avec 1 935 tonnes de denrées distribuées en 2024, soit 1,9 million de repas. Ces chiffres sont également confirmés par des rapports de l'Insee, qui soulignent l'augmentation de la précarité alimentaire en France.
Une approche collective pour faire face à la crise
Les ressources de la Banque alimentaire proviennent en grande partie de l'Union européenne, avec 580 000 euros alloués pour 2026, représentant 30 % de leur budget. Cependant, le soutien des grandes surfaces s’érode, avec une baisse de 500 tonnes de dons par an. « Les grandes surfaces évoluent vers une gestion à flux tendu, ce qui réduit le gaspillage mais aussi les dons », explique Pronesti. Les agriculteurs contribuent en offrant environ 400 tonnes de produits annuellement.
Les collectes annuelles, essentielles pour maintenir les stocks, marquent également une tendance inquiétante : lors de la dernière collecte de novembre, les dons avaient chuté à seulement 120 tonnes, un chiffre bien inférieur aux années précédentes.
Pour faire face à ce contexte délicat, le président prévoit de solliciter le conseil départemental pour obtenir une aide similaire à celle qui est accordée dans d'autres régions, comme les Pyrénées-Orientales, où 150 000 euros sont octroyés pour l'achat de produits locaux. De plus, la Banque alimentaire mise sur le projet « Gard solidaire », qui a pour ambition de mutualiser les achats entre différentes associations, afin d’optimiser les dépenses et les dons.
Dans les semaines à venir, la Banque alimentaire va également déménager dans un nouvel entrepôt de 1 400 m², ce qui améliorera considérablement les conditions de travail. Ce nouveau site permettra d’accueillir et de stocker de plus grandes quantités de produits, facilitant ainsi la collaboration avec d'autres associations. « Nous inaugurons cette nouvelle étape le 17 octobre ! » se réjouit Pronesti.
Engagé depuis plus de dix ans dans cette cause, Joseph Pronesti se dit animé par une volonté d’aider ceux qui, comme ses parents avant lui, ont connu la précarité. « Mon parcours est une preuve de l’ascenseur social. Je veux tendre la main à ceux qui en ont besoin, c’est ma façon de donner du sens à mon engagement », conclut-il.







