Pour la première fois, les Français font de la vie politique et de l'éthique gouvernementale leur principal sujet d'inquiétude, selon la récente enquête "Priorités françaises" réalisée par ObSoCo et Cevipof. Ce retournement marque une crise de légitimité profonde, exacerbée par une instabilité gouvernementale persistante et un désir croissant de réformes au sein de la société.
La dissolution de l'Assemblée nationale, l'alternance de Premiers ministres et les blocages parlementaires semblent être à l'origine de ce changement soudain. L'étude révèle qu'environ 30 % des répondants évoquent la vie politique comme leur priorité, surpassant des préoccupations traditionnelles telles que l'inflation et le pouvoir d'achat (27 %) ainsi que la justice et la criminalité (24 %).
Cette érosion de la confiance dans la classe politique française est sans précédent. Historiquement, en 2015, seulement 13 % des Français mentionnaient la vie politique comme sujet de préoccupation, un chiffre qui avait chuté à 7 % en 2020 avant de connaître une flambée récente. Pendant ce temps, des thèmes comme l'inflation, qui étaient peu discutés en 2020 (3 %), ont grimpé jusqu'à 27 % en 2025. D'autres préoccupations, comme la justice et la criminalité, ont également gagné en importance, passant de 12 % en 2015 à 24 % aujourd'hui.
Cette montée fulgurante de la thématique politique coïncide avec une période d'incertitude institutionnelle. Après la dissolution de juin 2024, le gouvernement a fait face à une succession de crises, notamment le départ de Premiers ministres comme Barnier et Bayrou. Ce dernier a quitté son poste après l'échec d'une motion de confiance, intensifiant un climat d'angoisse et d'incertitude au sein du pays.
Les voila, les Français et leurs attentes, de plus en plus fortes envers un système qu'ils jugent défaillant. Des experts, comme l'économiste Benjamin Morel, soulignent que cette attention accrue à la politique pourrait signaler un désir d'engagement citoyen plus profond et une volonté de réformer les institutions. "La société civile s'éveille. Les citoyens ne se contentent plus des discours de l'élite ; ils exigent un changement tangible", explique-t-il.
Les résultats de cette enquête s'inscrivent dans un contexte où la méfiance envers la classe politique est manifeste. De nombreux spécialistes du comportement électoral, cités par Le Monde, mettent en garde contre une déconnexion croissante entre les élus et une population en quête de représentation authentique.







