À l'Assemblée nationale, les commissions d'enquête, historiquement considérées comme essentielles pour scruter la gestion publique, semblent glisser vers une forme de spectacle médiatique. Récemment, le député Insoumis Aurélien Saintoul a vivement interrogé les dirigeants de Canal, avec des échanges qualifiés de « dérivant » par la droite. Cette dynamique a été soulignée lors de la commission sur l'audiovisuel public, dirigée par Charles Alloncle, où les auditions ont pris des tournures inattendues, notamment avec des questions sur une chronique de François Morel.
La présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, a exprimé sa préoccupation quant à l'utilisation des réseaux sociaux par les députés pour diffuser instantanément des extraits d'auditions, posant ainsi la question de l'intégrité et de la neutralité des médias. Alors que ces commissions sont censées superviser l'usage des fonds publics, elles semblent aussi s'interroger sur l'impartialité des journalistes, un domaine où d'autres institutions comme l'Arcom pourraient être plus appropriées.
La multiplication des commissions d'enquête, qui sont passées d'une dizaine par an à plusieurs par session parlementaire, a suscité un débat sur leur véritable utilité. Il semble que leur fonction ait évolué vers un outil de communication, où le spectacle prime sur l'analyse sérieuse. Des spécialistes de la politique, comme le professeur de sciences politiques François Claveyrolas, soulignent que cette tendance pourrait affaiblir la crédibilité de ces institutions essentielles.
Les efforts mis dans ces auditions contrastent avec les résultats concrets en matière législative, et la mission fondamentale de l'Assemblée de voter un budget efficace semble profiter de moins d'attention. Les députés se perdent parfois dans le tumultueux monde des réseaux sociaux, rendant leur travail moins efficace et troublant l'opinion publique sur leur rôle véritable. Il sera crucial de réévaluer l'impact de ces commissions sur le bon fonctionnement de la démocratie française.







