Face aux hésitations des jeunes professionnels concernant l'intelligence artificielle (IA), plusieurs entreprises, notamment en France, adoptent des stratégies innovantes pour encourager son utilisation en milieu de travail. Un cabinet d'avocats britannique, Shoosmiths LLP, a récemment annoncé un bonus total d'un million de livres sterling (environ 1,14 million d'euros) pour ses employés, conditionné à l'utilisation d'un million de fois du chatbot Microsoft Copilot durant l'année. Chaque employé pourrait ainsi recevoir près de 770 livres (878 euros) s'ils atteignent cet objectif ambitieux.
Selon des cadres interrogés par Bloomberg, cette initiative vise à changer les mentalités, rendant l'IA perçue comme un outil essentiel plutôt qu’une menace. Cependant, des études récentes, comme le baromètre du numérique de mars, montrent que 56% des Français expriment un manque de confiance envers l'IA, bien que ceux ayant déjà intégré cet outil dans leur quotidien soient plus confiants (74%) que ceux qui ne l'ont pas fait (26%).
Des initiatives similaires fleurissent également en France. Par exemple, le laboratoire pharmaceutique Sanofi a collaboré avec la société Workhuman pour mettre en place un programme de récompenses. Les employés qui utilisent des outils d’IA gagnent des points échangeables contre divers produits et cartes-cadeaux. Raj Verma, responsable de la culture chez Sanofi, affirme que renoncer à la peur et transformer l’IA en opportunité est essentiel pour favoriser son adoption parmi les équipes.
Mais c'est surtout la génération Z qui semble éprouver une méfiance accrue envers l’IA. D’après des recherches menées par Workhuman, près de 30% des jeunes actifs craignent que l'IA menace leur emploi, alors que ce chiffre est de 20,4% en moyenne pour tous les travailleurs. Comme l'explique un expert, "il est crucial d'introduire ces technologies de manière sécurisée et de rassurer les employés quant à la pérennité de leurs rôles dans un environnement de travail en évolution rapide." Certaines entreprises, comme la startup 1Mind, vont même jusqu’à offrir des actions à ceux qui parviennent à automatiser leur propre poste.
Ainsi, les réticences face à l'IA ne devraient pas ralentir son intégration dans le monde professionnel. Comme l'indiquent les chercheurs de l'université de Yale, l'histoire montre que les véritables bouleversements technologiques prennent souvent des décennies à s’ancrer dans les pratiques de travail. C'est donc en cultivant une culture de confiance et d'expérimentation que les entreprises pourront transformer ces défis en opportunités.







