La récente suspension des travaux de l'Assemblée nationale jusqu'en janvier évoque la célèbre expression "trêve des confiseurs". Mais d'où vient-elle réellement ? Contrairement à une idée répandue, elle n'est pas issue du Moyen Âge ni d'une mythologie religieuse, mais tire ses racines d'événements historiques marquants de la France au XIXe siècle.
Pour comprendre, il faut remonter à 1874, une période tumultueuse pour la France. Après une défaite humiliante face à l'Allemagne et la douloureuse période de la Commune, le pays se trouve à la croisée des chemins. L'Assemblée nationale est alors dominée par une majorité monarchiste, incluant des royalistes et bonapartistes, face à une gauche républicaine qui commence à peser de plus en plus dans le paysage politique.
À l'approche de Noël 1874, la gauche, à travers des élections gagnantes, s'impose comme une force montante. Les députés, conscients de l'importance de stabiliser la situation politique, décident d'une suspension des débats durant les fêtes, espérant ainsi éviter que les tensions n'impactent négativement le commerce. Cette pause politique visait aussi à permettre à chaque camp de rassembler ses troupes en vue de l'année à venir.
La trêve des confiseurs : un moment de répit dans le tumulte
C'est dans ce contexte que la presse de l'époque, pour marquer cette suspension inédite, forge l'expression "trêve des confiseurs". Ce terme, bien qu'anonyme à son origine, implique l'idée que les députés prenaient une pause pour se délecter, tout en piquant au vif les monarchistes, qui y voyaient une critique sous-jacente de leur gouvernement. Des sources telles que Le Monde documentent même les tensions provoquées par cette expression.
À Paris, la période des fêtes attirait un flot de visiteurs, prêts à dépenser dans les baraques foraines, ajoutant ainsi à l'idée que les parlementaires s'accorder à eux aussi un moment de loisir. Cependant, cette trêve allait rapidement céder la place à un regain de rivalités politiques, culminant avec l'adoption de l'amendement Wallon fin janvier 1875, établissant les bases de la IIIe République.
Alors que nous traverserons une nouvelle "trêve des confiseurs" cette année, on ne peut qu'espérer qu'elle ne soit pas qu'une opportunité de repos pour nos députés, mais aussi un moment propice pour imaginer des solutions à la crise institutionnelle actuelle. D'après les experts politiques, ce délai pourrait permettre aux parlementaires de réfléchir et de sortir de l'impasse dans laquelle se trouve le pays.







