Une réponse vitale aux défis agricoles actuels
Lors d'une conférence tenue au marché de gros de Rungis le 8 décembre 2025, la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, a exprimé des préoccupations croissantes sur la situation de l'agriculture française, évoquant une 'guerre agricole' imminente. 'Chaque jour qui passe, la menace se renforce et il est impératif d'agir', a-t-elle souligné, lançant les conférences de la souveraineté alimentaire. Ces dernières, promises par la loi d'orientation agricole de mars 2025, se dérouleront par secteur de production et région pour aboutir à des recommandations concrètes d'ici juin.
Genevard a pointé du doigt l'impact des crises internationales, notamment la guerre en Ukraine et les tensions commerciales avec les États-Unis et la Chine, qui mettent en péril la stabilité des systèmes agricoles. 'Depuis huit ans, les investissements en agriculture ont considérablement augmenté dans plusieurs grandes puissances, tandis que l'Union européenne affiche un recul de 19 %', a-t-elle expliqué, insistant sur le besoin urgent d'un 'grand réveil alimentaire'.
Un accueil mitigé dans le secteur agricole
La réaction à cet appel a été partagée. Tandis que certains acteurs du secteur, comme les coopératives et les industriels, ont salué l'initiative, les syndicats comme la FNSEA, ont boudé l'événement, le considérant davantage comme une 'opération de communication'. 'Nous avons besoin de solutions concrètes pour garantir des revenus durables aux exploitations agricoles', a déclaré Hervé Lapie, secrétaire général de la FNSEA.
Après plusieurs années de mécontentement croissant au sein du monde agricole, entre crises sanitaires et baisse des prix, des mobilisations s'organisent, notamment contre la politique d’abattage systématique liée à la dermatose nodulaire. Avec des manifestations prévues en décembre à Bruxelles contre les accords de libre-échange, les acteurs du secteur et les producteurs s'impatientent face à l'absence d'actions significatives.
Quelles perspectives pour l'agriculture française ?
Les conférences de la souveraineté alimentaire visent à établir un plan d'action sur dix ans, basé sur l'évolution des demandes des consommateurs. Ludovic Spiers, ancien directeur général de la coopérative Agricole Agrial, a été désigné coordinateur général de ce chantier. Des groupes de travail sectoriels se pencheront sur différentes questions, mais les associations de défense des consommateurs et de l'environnement ne seront pas représentées, une exclusion qui pourrait susciter des critiques.
Pour le ministère de l'Agriculture, l'enjeu est de construire un avenir durable pour la production et la transformation alimentaire, tout en répondant aux défis actuels. Mais pour les acteurs du terrain, attendent des réponses concrètes et des engagements ferme, sans quoi la tempête qui gronde risque de se transformer en un véritable ouragan.
