À la tête du gouvernement italien depuis trois ans, Giorgia Meloni a su se forger une image forte, alliant conservatisme et pragmatisme économique. Sa stratégie ne repose pas seulement sur des lois ou réformes, mais également sur une habile manœuvre sur la scène européenne qui lui confère un prestige certain.
Souvenez-vous, en 1997, l'enthousiasme pour le blairisme, ou encore, en 2017, le macronisme, fusionnant différents courants politiques pour des résultats concrets ? Aujourd'hui, avec Meloni, on assiste à l'émergence du « melonisme », souvent dépeint comme un équilibre entre identité et rigueur budgétaire. Pourtant, un bilan plus lucide de sa présidence s’impose.
Un bilan prometteur mais mitigé
Arrivée au palais Chigi en octobre 2022, Meloni se distingue par sa longévité au poste de Premier ministre. Elle a réussi à réduire le déficit public, à faire chuter le taux de chômage et à stabiliser les prix, évitant toutefois des mesures brutales. Dès son arrivée, elle a clos l'ère du « quoi qu'il en coûte » liée à la crise du Covid et à l'augmentation des coûts de l'énergie. Cela a permis de faire passer le déficit public de plus de 8 % du PIB à moins de 4 % en 2024, une bonne nouvelle, soutenue par un plan de relance européen qui bénéficie à l’Italie, avec plus de 200 milliards d'euros promis.
Merci à son approche pragmatique, le taux de chômage a diminué pour atteindre environ 7 %, et l’inflation a fortement régressé, renforçant la demande intérieure. Cependant, malgré ces résultats, des défis persistent : la croissance économique est faible (+0,7 % prévue pour 2024) et les inégalités régionales se creusent.
Par ailleurs, le secteur migratoire, un sujet central de la campagne de Meloni, a enregistré des mesures concrètes bien que controversées. Alors que le gouvernement a octroyé des permis de travail pour faire face aux besoins économiques, il reste beaucoup à faire pour gérer le flux migratoire tout en satisfaisant les attentes électorales de ses alliés politiques.
Stratégie européenne et alliances internationales
Outre les résultats économiques, la véritable force de Meloni réside dans sa capacité à naviguer dans le monde politique européen. En optant pour une approche plus modérée envers l'Union européenne, elle a gagné la confiance des institutions et des investisseurs. Son soutien inébranlable à l’Ukraine ainsi que son retrait du projet des Nouvelles Routes de la soie de la Chine témoignent de son positionnement stratégique sur la scène internationale.
Depuis 2021, sa coopération mutuellement bénéfique avec Ursula von der Leyen a permis de renforcer la voix italienne au sein de l'UE. L'ancien député européen Raffaele Fitto, son fidèle collaborateur, gère désormais le programme de relance européen, transformant les fonds de l'UE en un instrument de politique intérieure favorable, reflet d'une vision pragmatique et rurale.
Les experts conviennent que la démarche proactive de Meloni a permis de stabiliser la dette publique et d'améliorer la confiance des marchés. Selon un analyste économique de Il Sole 24 Ore, « Meloni a habilement construit des alliances tout en maintenant des attentes réalistes pour l'économie italienne. »
En fin de compte, Giorgia Meloni n'est pas seulement une cheffe de gouvernement. Sa capacité à établir des relations, tant au niveau européen qu'international, ainsi qu'une communication efficace avec les bailleurs de fonds, la place sur un piédestal stratégique en Europe. Tout en restant ancrée dans son identité politique, elle a su se réinventer, modifiant le paradigme du populisme vers une forme de gouvernance plus respectable et responsable.







