Les cancers de la bouche et du visage touchent chaque année des milliers de patients en France, aux conséquences souvent dévastatrices. À Toulouse, la professeure Agnès Dupret-Bories se distingue par ses approches novatrices en microchirurgie et modélisation 3D.
Avec son programme Bioface, cette experte vise à révolutionner la reconstruction faciale, en minimisant l'usage des prélèvements osseux. En remplaçant les techniques traditionnelles par des implants imprimés en biomatérial vivant, le défi de restaurer l'apparence et les fonctions essentielles des patients devient plus accessible.
Les cancers de la tête et du cou, liés à des facteurs tels que le tabagisme et la consommation d'alcool, continuent d’augmenter, surtout chez les femmes. Selon des experts, ces maladies, qui peuvent affecter des zones sensibles tels que la langue ou le palais, nécessitent souvent des interventions lourdes, impliquant l'exérèse de tissus vitaux, suivie d'une reconstruction délicate.
Pour rétablir la structure et l'esthétique, Dupret-Bories utilise des « lambeaux libres », consistant en des greffes de peau, muscles et os provenant d'autres parties du corps. Par exemple, le péroné est fréquemment extrait pour reconstruire la mandibule, un processus qui allie précision et savoir-faire. L'importance de la microchirurgie est capitale, particulièrement lors du raccordement des vaisseaux sanguins, une étape où tout échec peut compromettre la réussite de la greffe.
Grâce à la modélisation 3D, la praticité du processus s'améliore significativement. En créant des guides personnalisés, les chirurgiens optimisent leurs interventions, comme le souligne une étude du Point qui met en avant la qualité de vie rehaussée de ces patients après des opérations adaptées. Cependant, le coût de ces solutions technologiques, qui peut atteindre 2 000 euros par patient sans remboursement, représente un obstacle majeur pour sa généralisation.
En réponse à ces défis, le programme Bioface, soutenu par France 2030, ambitionne de créer des implants en hydroxyapatite, permettant une meilleure intégration avec le tissu osseux du patient. Cette recherche promet de réduire la nécessité de prélèvements et d'ouvrir la voie à des solutions jusqu’alors inenvisageables.
Un témoignage poignant vient enrichir cette discussion. Une patiente ayant subi plusieurs échecs dans des reconstructions antérieures a récemment bénéficié de cette approche innovante, illustrant l'importance de ces avancées. La chirurgienne s'engage à faire reconnaître ces techniques pour qu'elles soient remboursées, afin que chaque patient ait accès aux meilleurs soins après un cancer du visage.







