Jean-Philippe Tanguy, député du Rassemblement national (RN), envisage de faire revivre les maisons closes, fermées en France depuis 1946. Sa proposition, qui s’apparenterait à des coopératives autogérées par les prostituées elles-mêmes, vise à améliorer les conditions de travail des personnes engagées dans la prostitution.
Lors d'une récente interview, Tanguy a évoqué son expérience auprès des prostituées au bois de Boulogne, témoignant de la précarité et des dangers auxquels elles font face. Selon une étude de la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre la violence, entre 30 000 et 40 000 individus se trouvent aujourd'hui en situation de prostitution en France.
Le cadre législatif actuel
Depuis l'adoption de la loi Marthe Richard en 1946, les maisons closes ont été abrogées, plaçant la France dans la catégorie des pays abolitionnistes. La législation actuelle, mise à jour en 2016, a non seulement supprimé le délit de racolage, mais a aussi intensifié la pénalisation des clients.
La législation sévère a incité les travailleurs du sexe à opérer dans des conditions encore plus précaires. David Curiel, avocat pénaliste, souligne que la majorité des actes sexuels se déroulent désormais dans des appartements, souvent par le biais de services comme Airbnb, rendant les lieux encore plus cachés et dangereux.
La proposition du RN
Tanguy critique la pénalisation des clients, affirmant qu'elle a créé des conditions d'exercice « sordides » pour les prostituées. Il plaide pour un modèle où celles-ci seraient « impératrices dans leur royaume », évitant toute forme d'exploitation. Lors d’un entretien avec RTL, il a expliqué que le terme « maison close » pourrait être reconsidéré pour ne pas évoquer les pratiques du passé.
Matthieu Valet, eurodéputé et porte-parole du RN, a appuyé que la pénalisation ne fonctionne pas et a appelé à un cadre plus protecteur pour les femmes en situation de prostitution. Mais, comme l’a fait remarquer Delphine Jarraud, déléguée générale de l’Amicale du Nid, cette approche pourrait, au contraire, semer des semences d'exploitation. Pour elle, promouvoir des maisons closes « légitimerait l’enfermement » des femmes.
Les avis divergents
Anaïs de Lenclos, porte-parole du Parapluie rouge, exprime son désaccord avec la vision du RN, arguant qu'il est essentiel de reconsidérer l'intégralité de la législation pour garantir que toutes les personnes aient accès à des droits et protections égales. Selon elle, bien que le sujet soit sur la table, elle espère un débat plus inclusif et moins restrictif.
Pour terminer, l’idée de Tanguy soulève de nombreuses questions : la réouverture des maisons closes résoudra-t-elle vraiment les problèmes de violence et de précarité, ou risque-t-elle d'accentuer l'exploitation des femmes dans le domaine de la prostitution ? Seul l’avenir pourra le dire, mais le débat est loin d'être clos.







