Larissa (Grèce) – Des milliers d'agriculteurs en colère continuent de faire entendre leur voix, bloquant les routes du pays avec plus de 20 000 tracteurs. Ce mouvement de protestation fait suite à la mise en lumière d'un vaste scandale de fraude lié aux subventions de l'Union européenne, qui affecte particulièrement la Crète.
La situation est particulièrement tendue, alors que les agriculteurs réclament des aides qu'ils estiment leur être dues.
« Plus de 20 000 tracteurs » ont été signalés sur divers axes routiers, a déclaré Sokratis Alifteiras, vice-président de la Fédération des associations agricoles de Larissa. « Aujourd'hui, nous avons 55 barages à travers le pays », a-t-il ajouté.
Sur l'île de Crète, l'aéroport d'Héraklion a connu des perturbations majeures après l'occupation par des agriculteurs, entraînant retards et annulations de vols. Cependant, les opérations ont repris tôt mardi matin après que les manifestants aient quitté pour tenir une assemblée. « Le trafic a été rétabli vers 10h00 », a précisé une source aéroportuaire.
Le mouvement a pris de l'ampleur depuis novembre, alors que la police doit gérer des affrontements entre agriculteurs et forces de l'ordre, notamment en Crète, où les disputes sont parfois virulentes. Le gouvernement, sous la pression croissante des manifestants, a promis d'octroyer des fonds supplémentaires pour apaiser la situation, mais les agriculteurs insistent sur le fait que des mesures concrètes doivent être prises pour garantir les droits de ceux qui sont réellement dans le besoin.
Les producteurs mettent en avant la nécessité de se concentrer sur ceux qui soutiennent réellement la cause agricole. « Si le gouvernement veut vraiment tenir les coupables pour responsables, il doit récupérer l'argent des fraudeurs et le remettre aux agriculteurs honnêtes », a affirmé Kostas Tsoukalas, un prodigue de coton âgé de 47 ans, lors d'un barrage près de Karditsa.
« Tous ceux qui ont triché doivent être punis », a-t-il ajouté.
Mitsotakis : vers un dialogue ouvert
Le Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, a déclaré que son gouvernement restait ouvert aux discussions avec les agriculteurs, tout en mettant en évidence les dangers de manifestations « aveugles ». Les enjeux sont également agrandis par une enquête en cours sur le détournement d'aides agricoles, révélée par le Parquet européen. Selon les autorités, plus de 30 millions d'euros de fonds européens ont été fraudés par des individus réclamant des aides pour des terres qu'ils ne possédaient pas.
En ce sens, la procureure en chef du Parquet européen, Laura Kövesi, a promis de mener cette affaire à terme, évoquant la nécessité de nettoyer « les écuries d'Augias ». Les agriculteurs continuent de mobiliser autour de la recherche de justice dans un secteur déjà affaibli par d'autres défis comme la hausse des coûts d'énergie et une épizootie de variole ovine.
Alors que la situation évolue rapidement, des réunions sont programmées pour explorer des solutions viables. Les agriculteurs, unis dans leur lutte, ont décidé d'intensifier leurs actions en bloquant également le port de Volos pour souligner l'urgence de leurs revendications.
