Francfort, Allemagne – À partir de ce mardi, la justice allemande se saisit d'une affaire d'espionnage qui a suscité de vives inquiétudes dans le contexte de tensions croissantes entre l'Allemagne et la Russie. Trois hommes, un Russe, un Ukrainien et un Arménien sont accusés d'avoir agi comme agents pour Moscou, visant un ancien soldat ukrainien menacé de mort.
Depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, l'Allemagne s'est imposée comme le principal soutien européen de Kiev, face à une intensification des actes d'espionnage et de désinformation attribués au Kremlin. Le procès, qui se déroulera au tribunal de Francfort, est prévu pour durer jusqu'au 26 mars 2026. Les trois suspects sont en détention provisoire depuis leur arrestation en juin 2024.
D’après le parquet fédéral, l’Arménien, Vardges I., aurait été mandaté par les services de renseignement russes pour surveiller un ancien soldat ukrainien résidant en Allemagne. Ce dernier aurait participé à des combats contre les forces russes, attirant ainsi l’attention de Moscou. Les détails filtrés dans les médias nationaux indiquent que ce soldat est accusé d'avoir éliminé des soldats russes durant les premiers jours du conflit.
Vardges I. aurait recruté deux complices : Robert A., l'Ukrainien, et Arman S., le Russe. Ensemble, ils auraient planifié une rencontre avec leur cible dans un café de Francfort, sous un prétexte fallacieux, avec l'intention de recueillir davantage d'informations sur lui. Cependant, la méfiance de l'ancien soldat l'a conduit à alerter les autorités allemandes, entraînant l'arrestation des suspects.
L'accusation évoque que la rencontre aurait pu constituer une étape préalable à des actions plus graves, y compris un éventuel assassinat. Ce procès intervient dans un contexte où Berlin fait face à un flot de tentatives d’espionnage, liées à des événements récents tels que l’arrestation d'un Germano-Russe condamné à six ans de prison pour avoir partagé des informations avec des agents russes, ainsi que l'inculpation d'un ancien agent secret allemand pour avoir divulgué des informations sensibles.
Contactée par Le Monde, l'ambassade de Russie en Allemagne n'a pas souhaité commenter les accusations, une réaction classique de Moscou qui dément souvent toute implication dans des affaires d'espionnage. Néanmoins, les tensions ne semblent pas faiblir, avec des experts avertissant que cette situation pourrait aboutir à une montée de la désinformation et des actes de sabotage sur le territoire allemand.
Alors que près d'un million d'Ukrainiens ont trouvé refuge en Allemagne depuis le début du conflit, ces événements mettent en lumière les défis sécuritaires que le pays doit affronter. Comme le souligne France 24, la Russie semble intensifier ses efforts pour infiltrer et surveiller ses opposants à l'étranger, ce qui fait de ces enjeux d'espionnage un sujet préoccupant pour la sécurité nationale allemande.
En attendant le déroulement du procès, les observateurs politiques restent attentifs à l'évolution de cette affaire qui pourrait avoir des implications bien plus larges, tant sur le plan diplomatique que militaire.







